L’essentiel des acheteurs et des vendeurs de CDS utilisent ces produits à des fins de protection contre le risque et non à des fins spéculatives. C’est le cas de 85% des CDS sur le marché.
Qui sont les vendeurs et les acheteurs de CDS ?
L’essentiel des vendeurs se compose de banques, de hedge funds et de compagnies d’assurances. On retrouve sans grande surprise les mêmes institutions au sein du groupe des acheteurs de protection. En effet, le CDS étant une couverture contre le risque de défaut de paiement, il n’est pas étonnant de voir que des gros investisseurs tels que les banques et les hedge funds aient massivement recours à ce genre d’instruments.
On voit déjà à ce stade que l’utilisation de ce produit se cantonne largement au secteur financier. On présent déjà un des points aujourd’hui pointé du doigt par la communauté financière : la trop grande concentration du marché des CDS et le risque systémique qu’il implique du fait qu’elle est doublée d’une très forte corrélation entre les différents acteurs. Cette concentration du marché est un des pivots de la régulation à venir car elle est au centre de la problématique de la stabilité financière.
En effet, les dix dealers les plus importants traitent 90 % du volume des transactions en montant notionnel brut. La concentration est encore plus élevée sur le marché américain, où les cinq plus grandes banques commerciales traitent plus de 90 % des montants notionnels bruts.
Les contrats sont négociés sur des marché de gré à gré(ou OTC) ce qui les rend difficilement contrôlables pour les régulateurs. De plus, certains acteurs se protègent contre le défaut de paiement des Etats eux-mêmes. Ces utilisateurs considèrent donc qu’une banque est plus stable qu’un Etat.
La controverse qui secoue actuellement le marché des CDS est donc la suivante:
Ont-ils précipité la chute des Etats européens qui ont été contraint de faire appel au FMI?
Que nous disent les mathématiques sur la relation marché sous-jacent / marché dérivé (qui agit sur qui) ?
La question est complexe mais des méthodes économétriques permettent de se faire une idée sur la question.
Mathieu Gex ,économiste à la banque de France, en étudiant le lien de causalité selon le test de causalité de Granger entre CDS et marché des obligations d’état est arrivé aux conclusions suivantes qui l’a notamment présenté lors d’un séminaire du groupe Economix (Paris X Nanterre) auquel nous avons assisté :
-en situation normale : les CDS n’ont pas d’influence sur les obligations souveraines auxquelles ils sont rattachés. Ce serait même le marché obligataire sous jacent qui commanderait le marché dérivé.
-en situation de tension sur les marchés : pour les pays dits « peripherals » (Italie, Grèce…), la situation sur le marché des CDS influence de plus en plus celles sur les obligations. A ce sujet, l’économiste Michel Aglietta, également présent lors du séminaire a ajouté qu’il s’agissait « d’un comportement contrariant dominant pour une valeur d’assurance » (le CDS en tant qu’assurance et indicateur de la qualité du crédit ne joue plus son rôle).