Quantification

Le travail de quantification n’est pas aisé pour cette controverse relativement technique et pointue. En effet assez peu de mots clés autres que « Credit Default Swap » sont exploitables pour des recherches pertinentes. A dire vrai il n’y en a aucun autre spécifique au domaine et donc susceptible de donner des résultats pertinents. De plus, de terme « CDS » ne donne aucun résultat pertinent. En effet, ce dernier terme peut se réécrire CDs. Ainsi toute personne de part le monde qui se sera vantée d’avoir acheté de nouveaux CDs sur son blog, ou toute annonce pour un coffret 4 CDs d’un artiste quelconque entrera dans les résultats de la recherche. Cette pollution rend les résultats inexploitable et ininterprétables car n’ayant aucun sens. En d’autres termes tout travail de quantification n’a pu se faire qu’avec l’utilisation unique du terme exact : « Credit Default Swap ».

De même l’étude de la distribution de sites internet traitant de la controverse ne donne que peu de résultats du fait qu’aucun site spécifique ou forum dédié à la question n’existe. Même les sites tels que celui de l’ISDA ne donnent pas de bons résultats en termes de liens du fait qu’il n’est pas spécifique aux CDS mais traite plus largement des dérivés et des swaps en général. De plus le site n’est connu que des spécialistes. Nous n’avons jamais trouvé de référence à cette institution dans des articles de presse par exemple, bien qu’il rassemble de nombreuses données sur le sujet. Ce sont plutôt les sites tels que Bloomberg qui sont souvent cités comme source dans ces articles. Mais là encore le site n’est absolument pas spécifique à notre sujet. En résumé, cette part du travail de description a beaucoup souffert du caractère extrêmement pointu du sujet.

On obtient toutefois des résultats relativement intéressants avec d’autres outils tels que Google Trends.

On voit ci-dessous que l’occurrence du terme CDS a considérablement augmenté à l’automne 2008 lors des faillites de Lehman et d’AIG (quasi faillite). On constate également un léger sursaut de recherches au printemps 2010 en pleine crise de la dette. On retrouve ainsi précisément les pics du battage médiatique autour de ces instruments. Après en avoir abondamment  entendu parler dans les médias, l’internaute curieux et insatisfait s’en retourne à Internet pour obtenir des informations complémentaires satisfaisantes.

La répartition mondiale des volumes de recherche indique qu’il s’agit sans grande surprise d’un problème purement « occidental » centré sur l’Europe et l’Amérique du Nord. A noter l’inattendu volume de recherches pour l’Inde. Peut-être peut-on l’expliquer par le fait que la population de cette puissance économique montante encore assez anglophone et extrêmement nombreuse comparée aux populations du monde dit occidental. Ainsi même une faible proportion des internautes indiens sera en termes de nombre sans équivalent avec la même proportion prise ailleurs d’où ce résultat. On remarque cependant l’absence du Japon qu’on aurait pu croire également concerné puisque d’économie comparable à celles d’Amérique du Nord et de l’Europe. C’est d’autant plus étonnant que les prévisions concernant la « santé» de la dette japonaise sont de moins en moins optimistes.

On peut compléter cette donnée avec la même carte donnant la répartition géographique des visionneurs des vidéos pédagogiques les plus vues sur YouTube concernant les CDS (vue près de 120 000 et 75 000 fois pour les deux vidéos postées sur ce site, ce qui est tout de même significatif). On constate l’entrée de l’Australie et la persistance de l’Inde. Cependant le fait que ces videos soient en langue anglaise montre une baisse de l’intérêt dans les pays non anglophones. Un croisement des deux ensembles de données donne toutefois une bonne idée de la répartition géographique de l’intérêt porté à ces produits.

Les statistiques YouTube présentent également l’avantage de donner la classe d’âge des visionneurs les plus nombreux. Dans le cas des CDS ont constate qu’il s’agit d’hommes âgés de 45 à 55 ans. Les jeunes ne sont que très peu représentés.

Deux autres outils ont été utilisés : Google Scholar ainsi que Google Blogs.

A été testé pour Google Blogs l’occurrence du terme « Credit Default Swap ».  Les résultats observés corroborent ceux obtenus avec Google Trends. L’année 2008 est bien celle où cet instrument a été révélé au grand public. On constate par ailleurs que les articles postés sur des blogs avant 2008 sont d’un niveau de technique et de spécialisation nettement supérieur. L’augmentation est nette : entre 2007 et 2008 le nombre d’articles postés à ce sujet est multiplié par plus de 10, preuve de l’intensité du débat suscité à l’automne 2008. Le nombre d’article s’atténue à partir de 2009 vraisemblablement avec l’arrivé d’informations et d’interprétations d’experts qui n’existaient pas à l’automne 2008, période où il était encore trop tôt pour comprendre l’implication profonde des CDS dans les événements gravissimes qui y sont survenus. Une baisse d’intensité du battage médiatique entre également en ligne de compte.

Entrées de "Credit Default Swap" dans Google Blogs

Le même principe a été reconduit sur Google Scholar. La recherche ne retournant que les articles où le terme « Credit Default Swap » figure dans le titre n’a pas donné de résultat pertinent. Cependant, en diminuant les exigences (occurrence du terme dans le corps de l’article), les résultats sont plus probants et rejoignent à nouveau ceux obtenus précédemment. Comme il s’agit de publications la progression du nombre d’articles est moins brutale car on constate en faisant la même recherche pour le terme “credit derivative”, l’intérêt croissant de la communauté scientifique pour les dérivés de crédits et donc des CDS. C’est donc sans surprises qu’avant 2008, les deux courbes (pour “Credit Default Swap” et “Credit Derivative”) aient des pentes semblables.  

Remarque : A chaque fois, il faut bien sûr ne pas oublier que l’année 2011 n’est pas terminée…

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