Les CDS, instruments de gré à gré ont semblé proliférer jusqu’à la crise financière de 2008. Quelles seraient alors les conséquences de la faillite d’un grande banque, les émetteurs de CDS devant alors garantir son passif?
Cette question est au centre du risque systémique. En en mesurant pas bien les risques de défaut de paiement encourus par leurs clients, les banques qui s’improvisent assureurs peuvent se mettre en difficulté en cas de grave crise financière. Ainsi, il apparaît très difficile de chiffrer de façon précise leur encours et ces produits sont difficiles à localiser dans les bilans des banques. En 2008, la banque Lehamn Brothers fait faillite, menaçant d’entraîner dans son sillage tous les apprentis assureurs qui se sont engagés à rembourser ses créanciers en cas de défaut de paiement. Une réaction en chaîne est donc possible et le risque systémique existant. De plus, la concentration du marché des CDS rend les connexions entre les différents acteurs très étroites. Selon Christian Noyer, « le marché se concentre de plus en plus sur un petit nombre d’institutions. En Europe, les deux tiers de l’exposition des CDS reposent sur les 10 contreparties les plus importantes. Au niveau mondial, cinq banques – dont deux basées en Europe – représentent la moitié du marché des CDS ».
Que font les régulateurs pour l’en empêcher?
Pour le moment, peu de mesures sont prises. En effet, le marché de gré à gré est difficile à contrôler et, comme l’explique Christian Noyer, gouverneur de la banque de France, les décisions mettent du temps à être appliquées. Cependant, le G20 est parvenu à un consensus, à Pittsburgh, en annonçant la mise en place d’infrastructures résilientes pour les dérivés de gré à gré. Ceci doit permettre une meilleure transparence des marchés. Il reste néanmoins un défi de taille: finaliser les règles qui permettront la mise en place de ces infrastructures. Il faut en effet contrôler les acteurs du marché en évitant de freiner les innovations financières. De plus, chaque produit, négocié de façon bilatérale, est spécifique (selon l’acheteur, le vendeur, le risque). Il est donc nécessaire de veiller à ce que l’organisation de ces marchés ne nuise pas à cette spécificité.
Il est donc indispensable de:
-réglementer le marché en s’assurant que tous les CDS souverains seront compensés par une contrepartie centrale.
-renforcer la transparence
-améliorer la gestion du risque
La contrepartie centrale permettra d’éviter le risque systémique, en s’interposant entre les deux contreparties.Pour renforcer la transparence, les contrats de gré à gré devront faire l’objet d’une notification aux référentiels centraux de données. Il y aurait alors un accès libre à tous les régulateurs (banques centrales,superviseurs bancaires et des marchés) à toutes les données dont ils ont besoin pour effectuer leur surveillance. De plus, en donnant plus d’information sur les prix des CDS, via les services en ligne de Bloomberg et Reuters par exemple, permettrait une meilleure transparence du marché. En effet, de nombreux produits sont suffisamment courants pour que ces services fournissent, quasiment en temps réel, les prix.