Le marché des CDS est un marché de gré à gré (OTC) et est donc par opposition beaucoup moins transparent qu’un marché organisé. Il est d’ailleurs reconnu que celui des CDS est particulièrement opaque et tous s’accordent pour exiger une meilleure transparence de ce marché.
Cette idée passe notamment par une centralisation systématique des transactions déclarées ainsi que par une meilleure transparence des prix.
Sur ce premier point, C. Noyer par exemple, suggère que les contrats de gré à gré devront faire l’objet d’une notification aux référentiels centraux de données. Il y aurait alors un accès libre des entités régulatrices (banques centrales, superviseurs bancaires et marchés) à toutes les données dont elles ont besoin pour effectuer leur surveillance. Il s’agit d’améliorer le travail de collecte d’information déjà effectué par des institutions comme la BRI, l’ISDA ou la DTCC et de faciliter l’accès à ces informations.
Les mesures se rapportant à une meilleure découverte des prix seraient à priori incluses dans les règlements d’accès aux chambres de compensation centrales (le calcul des appels de marges qui y sont pratiqués impose aux membres un affichage de leur prix). Ces dernières exigeraient de leurs membres un certain degré de transparence sur leurs prix. Cette transparence accrue sur les prix serait, du point de vue des chercheurs, d’autant plus utile qu’elle permettrait une meilleure compréhension de la formation des prix de ces produits ainsi que de l’interaction du marché dérivé avec son marché sous-jacent (interaction qui est par ailleurs au centre de la controverse sur les CDS souverains).
Ces deux mesures principales seraient donc dans l’intérêt à la fois des régulateurs mais aussi des participants de marché. Elles permettraient de plus une meilleure évaluation de la taille du marché qui, nous l’avons vu, est difficile et imprécise à l’heure actuelle.
La question de la meilleure transparence de ces marchés est cependant délicate. Rama Cont souligne que « la transparence du marché est une arme à double tranchant. Le marché des CDS est caractérisé par une forte asymétrie d’information entre un petit nombre de dealers, qui interviennent en tant que teneurs de marché, et les autres participants de marché positionnés « côté acheteurs ». Comme sur d’autres marchés de gré à gré, ces dealers animent le marché des CDS à partir de leurs informations et n’auraient plus aucune incitation à le faire dans une situation de transparence totale, où ces informations perdraient toute valeur ». De façon prévisible, les dealers se sont opposés à un marché organisé des CDS et toute tentative de les y contraindre ne ferait que réduire l’activité du marché.
A noter également qu’une amélioration de la transparence du marché permettrait une meilleure évaluation du risque de contrepartie des différents participants. Les risques liés aux expositions des différents acteurs seraient alors mieux connus d’où une meilleure évaluation de leur risque de contrepartie (on donc une meilleure gestion de ce risque). En effet, prenons par exemple un vendeur de protection A. Ce vendeur est noté AAA par exemple car il est estimé et est effectivement solvable. Cependant, A a vendu de nombreux CDS dont certains portent sur des entités peu sûres, A est donc relativement exposé mais cela est difficile à évaluer de l’extérieur du fait du manque de transparence sur les transactions sur CDS (ce risque n’est donc pas pris en compte dans le AAA). Une transparence accrue permettrait aux autres participants de marché de mieux évaluer le risque de A et donc d’exiger de lui une prime plus faible. Cela incitera surement A à revoir sa politique de gestion des risques s’il veut continuer à vendre ses contrats à son prix.