Ce que l’on sait sur la dyslexie

La dyslexie est un trouble spécifique de la lecture. La dyslexie se distingue ainsi de l’aphasie*, trouble du langage dans lequel l’enfant perd totalement ou partiellement la capacité à communiquer, c’est-à-dire de parler ou de comprendre ce que l’on lui dit.

L’analyse suivante se concentre sur la dyslexie développementale, en opposition à la dyslexie acquise (ou alexie*). Cette dernière forme de dyslexie est un déficit d’apprentissage lié à l’apparition d’une lésion cérébrale après la naissance.

La dyslexie fait partie d’un ensemble de pathologies appelées maladies en « dys » :

  • dyspraxie :  troubles spécifiques du développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales.
  • dysphasie :  troubles spécifiques du développement du langage oral.
  • dyscalculie :  troubles spécifiques des activités numériques.
  • dyslexie : troubles spécifiques du développement du langage écrit.
  • dysorthographie : troubles spécifiques d’apprentissage caractérisé par un défaut d’assimilation important et durable des règles orthographiques.

Ces pathologies correspondent à des troubles cognitifs spécifiques apparaissant au cours du développement de l’enfant, avant ou lors des premiers apprentissages. Ces troubles persistent à l’âge adulte.

Les maladies en « dys » sont indépendantes dans leurs expressions. Cependant, il existe une comorbidité* plus important dans les populations de dyslexiques, c’est-à-dire que les enfants dyslexiques sont davantage sujets à ces autres troubles que les enfants non dyslexiques. Le développement conjoint de plusieurs maladies en « dys » provoque chez les enfants une augmentation des difficultés, due à l’accumulation de retards d’apprentissage.

 

Une définition unanimement reconnue

 

Depuis l’apparition du terme de dyslexie à la fin du XIXème siècle, et jusqu’à la prise de conscience massive de l’existence de ce trouble à la fin du XXème siècle, la définition de la dyslexie a beaucoup évolué.

De nos jours, la définition unanimement reconnue, telle qu’elle est décrite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans sa Classification Internationale des Maladies (CIM 10, 1993), est la suivante :

« La dyslexie (du grec lexis = mot) est un trouble spécifique, durable et persistant de l’acquisition du langage écrit apparaissant chez un enfant d’intelligence normale (évaluée par des épreuves non verbales), dans un environnement scolaire adéquat, et ne présentant par ailleurs aucun trouble sensoriel, émotionnel, ni déficit socioculturel majeur. »

 

Les causes neurologiques de la dyslexie

 

La définition de la dyslexie telle qu’elle est admise aujourd’hui a conduit les chercheurs à mettre en évidence les causes de cette pathologie. Ils s’accordent aujourd’hui pour la caractériser comme un trouble neuro-biologique ayant une origine génétique. Les altérations neuronales ont pour conséquence une difficulté d’association des graphèmes* et des phonèmes* à l’origine d’un retard d’apprentissage de la lecture.

Un parent dyslexique a un risque accru d’avoir un enfant dyslexique par rapport à un parent non dyslexique. Les études menées sur des jumeaux au plan international ont permis d’estimer à 70 % l’héritabilité de la dyslexie. De nombreuses études mettent en évidence la responsabilité de gènes, même si la recherche précise des gènes impliqués est encore récente.

« Genetic linkage and association studies have implicated a number of chromosomal regions that may harbor susceptibility genes for Dyslexia. Regions showing replicated evidence for a role in Dyslexia include chromosome 1p, 2p 6p, 15q and 18p. » [8]

« Our study provides strong evidence that variation in the KIAA0319 gene is associated with increased risk of developing dyslexia » [8]

Les gènes décrits précédemment sont impliqués dans la migration des neurones situés dans les aires cérébrales nécessaires à l’apprentissage de la lecture. En particulier, des recherches récentes, rendues possibles par l’utilisation de l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), ont mis en évidence les zones du cerveau qui sont sous activées chez les enfants dyslexiques.

« Chez les enfants dyslexiques, la région occipito-temporale gauche ne se développe pas normalement et est fortement sous-activée.  » [22]

 

              A: activation cérébrale moyenne chez un groupe de personnes non dyslexiques                      B: activation cérébrale moyenne chez six groupes de dyslexiques

 

Plus précisément, le résultat de recherches publiées à la fin de l’année 2013 a mis en évidence un manque de connectivité entre deux régions clés du cerveau pour le mécanisme de la lecture. Plus précisément, les dyslexiques auraient une moins grande coordination entre les régions du cerveau qui traitent les sons élémentaires et l’une des principales zones responsables du traitement du langage : l’aire de Broca.

Cette nouvelle découverte ouvre donc des pistes nouvelles pour le traitement des enfants dyslexiques. L’élaboration d’un traitement utilisant une stimulation électrique non-invasive du cerveau pourrait rétablir une coordination normale entre les deux régions du cerveau.

 

Illustration de l’absence de lien entre les régions du cerveau impliquées dans la lecture

 

« The researchers found that dyslexic individuals showed decreased connectivity between the superior temporal regions that were found to support intact phonetic representations in the initial analysis and the left inferior frontal regions that are known to be involved in more complex phonological processing. » [31]

 

Ces problèmes neurologiques ont pour conséquence un dysfonctionnement cérébral qui se manifeste par :

  • un déficit phonologique, c’est-à-dire un déficit cognitif affectant la représentation mentale et le traitement des sons de la parole.
  • une faible reconnaissance des graphèmes et des phonèmes.

Ceci se traduit par des difficultés spécifiques d’apprentissage de la lecture.

 

Les mécanismes de la lecture selon la théorie phonologique, extrait de l’expertise collective INSERM

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