Environnement social et stratégies de contournement

Pas de guérison possible, seulement des béquilles

 

Pour compenser les grandes difficultés auxquelles doivent faire face les enfants atteints de dyslexie, la majorité des acteurs s’accordent pour dire que beaucoup peut être fait pour améliorer la vie de ces enfants. En effet, ce n’est pas seulement la scolarité de ces enfants qui est perturbée par ce trouble des apprentissages, mais également leur vie sociale. Ils souffrent parfois de moqueries, et donc d’un certain rejet par leurs camarades. Les enfants sont parfois assez cruels et ont du mal à intégrer ces élèves dans leur groupe, d’autant plus qu’ils sont souvent amenés à se distinguer par des horaires aménagés.

 » Ce qui ressort de cette recherche est que oui le milieu familial et social des personnes dyslexiques aurait une influence sur leur dyslexie.  » [14]

L’accompagnement pédagogique et psychologique des enfants apparaît dès lors comme une évidence par une majorité des acteurs comme les enseignants, les médecins et les associations de parents d’élèves.

De nombreuses méthodes peuvent être envisagées pour faire chercher des stratégies de contournement aux difficultés spécifiques de la dyslexie. Ce travail long et pénible, qui doit être mené par des professionnels (enseignants et orthophonistes) mais aussi par les parents et les élèves ne peut pas prendre une forme unique, mais passe par l’essai de plusieurs méthodes jusqu’à trouver celle qui convient le mieux à l’enfant. C’est ce que propose le Docteur Schlumberger, neuro-pédiatre.

Les scientifiques et professionnels de la santé en charge des troubles de l’apprentissage insistent sur le fait que ces stratégies sont uniquement des stratégies de compensations et ne résolvent en aucun cas les problèmes neurologiques. Leur mise en application requiert par conséquent un effort permanent tout au long de la vie. Si l’environnement socio-éducatif a un grand rôle à jouer dans l’adaptation des enfants vis-à-vis de ses troubles, il constituera malgré tout un handicap durant toute sa vie.

Ceci est à l’origine d’un autre sujet sensible de la dyslexie, puisque la majorité des aides apportées aux personnes dyslexiques sont présentes lors de l’éducation, mais les dyslexiques sont peu accompagnés  en ce qui concerne l’embauche, et souffrent à ce niveau de leurs troubles.

 

Une approche nécessairement individualisée aggravant les inégalités

 

Ainsi, la mise en place de ces stratégies requiert l’investissement total des parents qui doivent pouvoir dégager chaque soir du temps pour accompagner leur enfant dans ses devoirs. En effet, compte-tenu des difficultés d’apprentissage de ces stratégies de contournement, il est essentiel d’accompagner personnellement l’enfant en passant du temps avec lui pour qu’il ait le courage de persévérer. C’est précisément à ce niveau qu’apparaît un facteur environnemental discriminant dans la capacité qu’a l’enfant à s’adapter à son trouble. Les parents d’élèves issus de milieux défavorisés n’ont pas les moyens financiers ni le temps nécessaire pour accompagner leurs enfants. En revanche, les parents de milieu très favorisé peuvent mettre en place des séances régulières chez l’orthophoniste, comprendre les difficultés de leur enfant, organiser son apprentissage. L’expression réelle de la dyslexie sera ainsi considérablement diminuée.

Ainsi, la disponibilité des parents et les moyens qu’ils peuvent investir dans le processus d’apprentissage de leur enfant constituent des facteurs environnementaux déterminants. Ils ont une grande influence sur leur capacité à mettre en place des stratégies de compensation à leur trouble.

« Selon l’étude, une différence du niveau entre un établissement «modérément défavorisé» et un établissement normal existe, mais n’est pas significative. En revanche, confirmant ce qu’avaient démontré les Anglo-Saxons, on repère un vrai décrochage dans les écoles des zones «très défavorisées». [25]

 

 

Une prise en charge multimodale

 

Comme on l’a vu, la dyslexie est un trouble aux causes neurologiques mais qui a une forte interférence avec l’environnement. Ainsi, l’accompagnement des enfants doit se faire à plusieurs niveau. Parmi les différentes approches envisagées pour soigner la dyslexie, l’une est l’approche psychologique pour redonner confiance aux enfants. Cette prise en charge particulière est d’abord l’occasion pour les enfants de comprendre le trouble qui les touche et de dédramatiser ce rapport à la maladie.

Les enfants dyslexiques ne sont pas idiots et ont conscience de leurs problèmes. Cette conscience du trouble les fait souffrir, et il faut par conséquent les revaloriser. Ceci peut se faire par des entretiens avec le médecin, portant une blouse pour lui donner un caractère solennel. [c]

Une prise en charge par un psychologue est, de plus, souvent souhaitée par les parents eux-mêmes ou les médecins en charge de l’enfant pour faire face à la situation d’exclusion ou de perte de confiance dont ils sont parfois victimes.

« Le trouble échappe à l’interlocuteur qui nous fait un mauvais procès. Particulièrement à l’âge adulte, cela entraîne une grande incompréhension de l’entourage, parfois familial mais surtout social et professionnel. » [21]

Cependant, cette prise en charge est l’objet de débats, dans la mesure où les frais de consultation chez ces professionnels ne sont pas remboursés. L’Education Nationale ne considère cela comme une problématique essentielle liée à la dyslexie. Les associations de parents d’enfants dyslexiques s’opposent massivement à cette position officielle. Elles considèrent ainsi que cela représente une inégalité sociale importante dont sont victimes les enfants de milieux défavorisés.

 

Et tout ceci d’autant plus que la dyslexie s’accompagne souvent d’autres troubles

 

Comme indiqué dans l’introduction, il faut également noter que les enfants dyslexiques souffrent d’un phénomène de comorbidité* caractérisé par le développement de plusieurs troubles annexes à la dyslexie dans des proportions supérieures à la moyenne de la population. Ils peuvent, par exemple, souffrir de dyspraxie ou de déficits de l’attention, ce qui rend la mise en place des dispositifs correctifs beaucoup plus délicate.

Ainsi, en fonction de la présence ou non d’autres pathologies, les parents des enfants dyslexiques peuvent choisir en accord avec les professionnels de la santé et de l’éducation les axes de travail possible. Certains choix doivent être faits pour que l’enfant parviennent à s’insérer dans la société le mieux possible. Le Docteur Schlumberger insiste ainsi sur le fait que les parents d’enfants dyslexiques doivent chercher à construire un cadre dans lequel les enfants se sentent le mieux possibles pour se développer le plus naturellement possible. Il ne faut pas rechercher la normalité dans l’apprentissage des notions et des capacités puisque cette normalité n’existe pas : chacun a des compétences spécifiques. En revanche, il faut proposer à tous les enfants un cadre scolaire et affectif leur permettant un épanouissement personnel.

Ceci constitue un point de désaccord avec certains parents qui considère le système scolaire comme un moule rigide dans lequel il faut absolument se fondre pour pouvoir réussir scolairement. La réussite future et notamment professionnelle de leur enfant passerai par une adaptation à un ensemble de savoirs et connaissance développées par l’école.

Tous les enfants ont le goût de l’effort puisque cela correspond à une conquête sur le monde.

Chacun est fait pour se développer, pour apprendre. Il n’y a pas d’enfants paresseux. L’enfant aime s’opposer, préférer faire autre chose que ce qu’on lui demande mais doit ont le faire entrer dans le moule? L’école doit aussi s’attacher à apprendre la bonté, la gentillesse en même temps que d’apprendre des connaissance. L’évaluation n’est portée que sur ce dernier critère. [c]

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