Qui pour un bon diagnostic ?

Un des principaux sujets suscitant la controverse concernant le diagnostic des enfants dyslexiques est l’identification du professionnel capable de le poser. Quel corps médical est le mieux à même d’établir l’existence de ce trouble de l’apprentissage de la lecture chez un élève?

En Grande-Bretagne, les médecins scolaires présents dans tous les établissements sont les seuls habilités à poser le diagnostic. Ce schéma semble bien fonctionner. En effet, de par sa profession, le médecin scolaire a à la fois une connaissance fine du développement intellectuel de l’enfance, une aptitude à comprendre le bilan des professionnels de la santé tels que les orthophonistes et une proximité avec les enseignants et les parents qui peuvent alors apporter leurs témoignages décisifs sur le comportement psychologique de l’enfant.

Cette organisation n’est pas envisageable en France dans la mesure où les établissements scolaires ne bénéficient pas tous d’un médecin scolaire. Effectivement, les établissements privés n’en ont pas par exemple.

Plusieurs professionnels revendiquent la capacité à délivrer le diagnostic le plus pertinent.

La dyslexie étant un trouble qui affecte la correspondance graphème*-phonème*, les orthophonistes apparaissent les mieux placés pour mesurer les retards d’apprentissage de cette gymnastique. Ils disposent, en effet, de nombreux exercices et tests permettant de pondérer leur retard d’apprentissage de la lecture avec leur Quotient Intellectuel.

Les psychologues s’opposent à un diagnostic réalisé en exclusivité par les orthophonistes. Selon eux, le point de vue de ces derniers est trop réducteur : il faut prendre en compte le développement psychologique et le comportement de l’enfant pour pouvoir déceler d’autres causes au retard de l’apprentissage qu’une simple malformation neurologique. Effectivement, la complexité du diagnostic est due au fait qu’il est à l’interface entre l’environnement et la biologie. L’étude de la situation mentale et de l’épanouissement de l’enfant doit être selon eux d’avantage prise en compte.

Les médecins généralistes présentent le désavantage d’un manque de formation lors de leur cursus sur les troubles liés aux apprentissages. Leur point de vue semble donc a priori manquer d’une connaissance précise des spécificités de la maladie.

En revanche, ils sont les seuls à pouvoir établir un bilan provenant des différentes sources médicales et connaissent généralement le passé de l’enfant. Cette double connaissance est perçue par certains spécialistes de la dyslexie comme essentielle. Leur situation de professionnel de la santé à l’interface entre la sphère familiale et la sphère médicale leur permettrait de poser le bon diagnostic. Ce dernier résulterait alors de l’expertise de l’orthophoniste, de l’ophtalmologiste, de l’ORL, éventuellement d’une psychologue et du témoignage des parents.

Les parents expriment eux aussi un avis sur cette problématique. Cet avis tient compte de la proximité qu’ils ont vis à vis de leur médecin traitant mais aussi des compétences spécifiques qu’ils lui attribuent :

Les parents ont tendance à faire confiance aux personnes qu’ils reconnaissent comme compétentes. Ainsi, les avis sont partagés.

Certains préfèrent avoir le point de vue de leurs médecins traitants car ils se sentent proche d’eux. Il y a une relation de confiance qui s’est instaurée entre eux et le médecin.

D’autres ont d’avantage tendance à se référer à l’orthophoniste car ils ont le sentiment que cette profession est la plus à même de comprendre les problèmes liés à l’apprentissage de la lecture.

Il faut également noter que cette préférence des parents dépend également de leur situation spécifique et des affinités qui peuvent apparaître avec tel ou tel professionnel.

« L’orthophonie est incontournable aujourd’hui et elle est recommandée par l’Etat mais elle ne fonctionne pas sur tous les types de dyslexie pour lesquels il faudrait plutôt une rééducation des troubles de l’attention et/ou ophtalmiques. Elle convient de manière générale aux enfants si la prise en charge est bonne.

Le problème majeur est que les médecins généralistes ne sont pas formés donc il y a une toute-puissance de l’orthophoniste. Cela pose un réel problème déontologique. »[b]

 

Les enseignants semblent faire d’avantage confiance aux orthophonistes, dont ils reconnaissent les compétences spécifiques. Ils font confiance à leur professionnalisme.

  • Le point de vue d’une neuro-pédiatre en centre spécialisé sur les troubles de l’apprentissage

Si Mme Schlumberger considère qu’un bilan pluridisciplinaire est nécessaire pour avoir un point de vue objectif sur les troubles des apprentissages, elle pense néanmoins que les orthophonistes, de part leurs connaissances spécifiques, sont plus à même de poser le diagnostic.

« Seul un médecin peut effectuer un diagnostic différentiel pour connaître à partir d’une connaissance globale de l’enfant s’il est atteint de dyslexie. Un de ses patients avait des problèmes d’apprentissage de la lecture dû à une hallucination auditive (pré-psychose) ce qui invalide l’hypothèse de la dyslexie (qui par définition survient sans problèmes psychologiques). »[c]

Quel professionnel choisir?

 

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