« Why had nobody noticed that the credit crunch was on its way ?» Reine d’Angleterre à la London School of Economics
Par cette phrase désormais célèbre, la Reine d’Angleterre s’adresse aux membres de la célèbre London School of Economics en novembre 2008 à propos de la crise.
Une illusion de contrôle
« une vision réductrice des hommes réels, remplacés par des automates rationnels au sens de la théorie économique classique, et conduit à la négation de deux réalités : le risque que l’on croit pouvoir maîtriser voire annuler, et le temps, que l’on croit pouvoir aplatir voire oublier » [ROD]
Le grand danger des mathématiques repose sur le fait qu’il donne une impression de contrôle à son utilisateur. L’extrême complexité des modèles et leur grande sophistication est dangereusement trompeuse. Les acteurs ont confondu la mesure du risque et la maîtrise du risque.
En effet, avec les modèles d’évaluation de risques, nous sommes parvenus à quantifier, savoir le niveau de risques de tel événement précis. Pour autant, cette connaissance sur la probabilité d’occurrence ne nous épargne en aucun cas de l’événement et ne nous informe pas plus sur sa prévision.
Les théories de risques neutres et de diversification de portefeuilles ont donné l’impression d’un monde aseptisé dans lequel tous les risques que l’on prend peuvent être diversifiés et partagés entre divers acteurs. De fait, cela donne l’impression que dans chaque investissement, on se sépare de tous les risques que l’on prend.
« Cette image trompeuse donnait à croire que le risque pouvait être totalement maîtrisé, plus précisément indéfiniment réduit par la magie de la diversification accompagnée de la gestion différentielle des positions de marché. » [FIN]
Une non remise en question
A l’inverse des théories physiques que l’on remet en question dès que l’expérience a montré qu’elle était fausse, de tels raisonnements n’ont pas, ou que très rarement, lieu en finance quantitative. Une des raisons avancées est qu’on ne fait pas d’expériences en finance comme on peut en faire en physique. En effet, il est impossible de réaliser deux fois la même expérience sur le monde réel. Par deux fois la même expérience, on entend ici deux études de marchés séparées dans le temps où l’on peut dire que tous les éléments contextuels sont identiques. Chaque jour apporte son lot d’incertitudes et d’événements qui rend difficile cette approche classique des sciences.
Un des arguments avancés par les détracteurs de l’utilisation abusive des modèles mathématiques est avant tout financier. La minimisation des risques par les modèles, l’illusion de contrôle partagée par la plupart des acteurs favorise l’investissement risqué dans les bulles spéculatives ou dans des actifs à rendement élevés par exemple.
Après les différentes crises financières, notamment celle de 2008, les modèles n’ont pas fondamentalement. S’il est vrai qu’un certain effort a était fait au niveau de la régulation pour avoir des approches plus robustes (cf. Laurent Clerc), il n’en est pas de même au niveau des banques qui ont gardé une approche similaire.
Une des conséquences de cette confiance aveugle dans les marchés est le fait que la plupart des acteurs utilisent une seule et même approche. Est-ce que ce mode de pensée unique, identique permet l’existence du marché ou au contraire entraîne inévitablement à un mimétisme spéculatif ?