Une régulation suffisante ?

La question de la régulation est assez délicate, et celle-ci connaît au fil des années et des crises financières une véritable évolution : dès les années 1970, le Royaume-Uni et les États-Unis mènent de fortes politiques de dérégulation/dérèglementation qui s’étendent aux autres  pays développés dans les années 1980. Les banques et compagnies d’assurances n’ont, à partir de ce moment, plus la nécessité de mettre beaucoup d’argent de côté pour couvrir leurs actions. Les banquiers et traders sont ainsi, beaucoup plus libres d’utiliser les modèles comme bon leur semble et de les pousser à bout s’ils souhaitent prendre le risque.

Si la régulation financière semble pour certains s’opposer à la libre circulation des capitaux, la crise des subprimes est étroitement liée aux modes de régulations ou plutôt à une forte politique de dérégulation qui apparaît dans les années 80 et qui s’accélère dans les années 2000.

« Il ne faut pas oublier que c’est d’abord l’insuffisance des règles applicables à certains acteurs et à certains produits qui est à l’origine de la crise. » Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France [BDF]

En effet, la sphère financière précédant la crise était caractérisée par une faible régulation, laissant aux acteurs financiers une liberté dangereuse, un endettement grandissant des banques et des fonds propres insuffisants au vu des réels risques du marché. Cette insuffisance de régulation est d’autant plus dangereuse pour les acteurs et institutions présentant un risque pour l’ensemble du système financier. Ceci soulève un ensemble de problèmes liés à la régulation des marchés financiers, sur lesquels nous allons revenir par la suite.

Dans un article récent, l’économiste Robert C. Merton, célèbre pour sa participation à la conception du modèle de Black et Scholes et Prix Nobel d’économie, explique que les modèles mathématiques avaient un impact relativement limité sur les marchés au début. Depuis les années 1990, ces modèles sont au centre des marchés et institutions financières partout dans le monde. À l’avenir, leur rôle sera indispensable, à la fois dans le cadre de leur utilisation sur les marchés financiers et dans le cadre de leur régulation. [MER] Cet article met ainsi en avant le rôle majeur qu’auront à jouer les régulateurs à l’avenir.

D’une part, il faut donc s’interroger sur le rôle des régulateurs au sein d’un système qui a tendance à s’emballer rapidement en temps de crise. D’autre part, différentes tendances quant à la régulation s’opposent : faut-il renforcer l’action des modèles mathématiques jusqu’à atteindre une forme de gouvernance par les modèles ou faut-il, au contraire, introduire des seuils ?