Les mathématiques sont le symbole même de la rigueur. Néanmoins, plusieurs acteurs peuvent être éblouis par l’esthétisme des modèles mathématiques : les étudiants, les banquiers, les entreprises à qui on vend ces produits et les chercheurs.
Les étudiants
Dans l’article [TRI4] publié dans la Tribune, l’un des pièges de l’enseignement est d’être ébloui par la beauté du modèle mathématique.
Les étudiants vont s’attarder sur les détails techniques du modèle, sa robustesse ou son « esthétique » mathématiques. Cela engendre le danger d’oublier les modèles simples (parfois plus performants) et de se déconnecter de la réalité en ne sachant pas bien interpréter des hypothèses complexes. Emmanuel Derman, ancien responsable à Goldman Sachs des « quants » dit
«Le ver caché dans le fruit de la modélisation financière est un amour coupable de l’élégance théorique et d’une précision excessive ».
Les entreprises
Nassim Nicholas Taleb,philosophe des sciences du hasard, « dissident de Wall Street » , dit que l’esthétisme des mathématiques peut cacher l’escroquerie. Les mathématiques sont réservés aux initiés, elles font autorités face aux profanes.
« la manière dont on camoufle l’escroquerie intellectuelle derrière les mathématiques .Car l’un des avantages de l’usage immodéré des signes et des symboles est de créer un rideau de fumée qui brouille les pistes et retranche les initiés du commun des mortels. Comme autrefois le latin, les mathématiques sont devenues le moyen d’asseoir l’autorité des nouveaux clercs, qui prétendent réduire le risque alors qu’ils l’amplifient.» [WAR]
Les chercheurs
Les chercheurs eux-mêmes peuvent être éblouis par la beauté du résultat ou du modèle. Le danger est que les deux mondes académique et professionnel soient séparés.
«Ne pas confondre esthétisme et utilité pratique des modèles. Nous sommes des chercheurs. Nous développons des modèles pour parvenir à une meilleure compréhension du monde. Cette motivation académique est différente des préoccupations d’opérateurs de marché, ce qui peut induire un biais.» [TRI4]
On peut donc se poser deux questions :