Compte tenu des enjeux financiers sous-jacents à la l’utilisation des pesticides dans le milieu agricole, les études dénonçant leur dangerosité sont souvent réprimandées par des lobbys pro ou anti-pesticides, ou bien encore par les entreprises concernées. Ainsi, l’étude « In Vivo » menée par Gilles-Eric Serallini a essuyé de vives critiques dénonçant son absurdité et son manque de rigueur scientifique. La polémique fût telle que l’article a finit par être retiré de la revue scientifique dans laquelle il avait été publié (Food and Chemical Toxicology).
Par ailleurs, toujours dans son ouvrage intitulé Plaisirs cuisinés ou poisons cachés, Gilles-Eric Serallini dénonce les failles du système d’autorisation des produits phytosanitaires sur les marchés européens et français. Selon lui, certaines personnes participant à la décision finale, ne sont pas de toute impartialité. En effet, certaines d’entre elles auraient des rapports, de près ou de loin, avec les entreprises phytosanitaires à l’origine de ces demandes d’autorisation. Ces conflits d’intérêts, qui interviennent sur les deux plans politiques et scientifique, peuvent aboutir à des décisions faussées : industrie et politique ne sont pas deux milieux disjoints.
Cependant, il convient de ne pas faire de généralisations trop hâtives. En effet, l’un des auteur du rapport de l’INSERM que nous avons rencontré, nous avouait n’avoir jamais reçu de quelconque pression de la part de qui que ce soit au moment de la rédaction de l’expertise.
Paradoxalement, les lobbys peuvent aussi se faire ressentir de l’autre côté de la barrière, par les associations anti-pesticides, comme nous le confiait Jean-Charles Bocquet, ancien président de l’UIPP : « En France , les plus fort en matière de lobbying, ce sont les ONG. France Nature Environnement, Générations Futures, je veux dire il n’y a pas photo, nous, on est des petits joueurs. »
Le classique schéma que l’on s’imagine, entre l’agriculteur David et l’industriel Goliath serait-il alors dépassé ?
Quoi qu’il en soit, on pourrait alors se demander si ces lobbys, quels qu’ils soient, interviennent au niveau scientifique : ont-ils des moyens de pression sur les organismes qui autorisent les mises sur le marché des pesticides, sur certains travaux ? Pour lutter contre ce danger, quels sont les critères qui permettent aux acteurs scientifiques de retenir, ou non, une étude ?