La quantification des risques liés à l’utilisation des pesticides est une tâche délicate. Celle-ci incombe à des groupes d’experts qui émettent des recommandations sous la forme de rapports. Ces expertises sont le plus souvent réalisées avant la commercialisation sur le marché d’un nouveau produit afin de juger de sa dangerosité. Leurs conclusions sont prises en considération lors de la décision politique finale.
Les risques liés à l’utilisation d’un produit phytosanitaire dépendent de nombreux facteurs :
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la physionomie de l’utilisateur : le rapport de l’INSERM paru en 2013 insiste tout particulièrement sur la dangerosité des pesticides chez les femmes enceintes, quantifiant les risques encouru par le fœtus. La vulnérabilité d’un individu dépend également de son sexe, de son âge, de son mode de vie (fume-t-il Suit-il des traitement médicamenteux ?) etc…
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le type de produit manipulé, le respect ou non des précautions d’utilisation. A l’heure actuelle, la toxicité des composants est étudiée de façon isolée. Cependant, il convient de s’interroger sur l’influence qu’ont entre elles les différentes molécules ? Leurs effets néfastes disparaissent-ils une fois mélangées ou bien sont-ils accentués ?
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le temps d’exposition : le risque croit-il simplement avec la durée d’exposition ? Les pesticides sont-ils uniquement toxiques à hautes doses ? La réponse à cette question, nommée depuis problématique des « faibles doses » est loin d’être évidente.
Selon Gilles-Eric Seralini, ce risque est d’autant plus difficile à mesurer que les groupes d’experts se heurtent souvent à un manque de transparence de la part des industriels ayant conçu le produit. Des études de toxicité sont souvent réalisées en interne des grandes firmes phytosanitaires (elles durent environ trois mois au sein du groupe Monsanto) sans que leurs résultats ne soient pour autant rendus publics. Cela se traduit, chez les familles de victimes, par des soupçons. Ainsi, la fille de James-Bernard Murat, Valérie Murat, a dénoncé, lors de son dépôt de plainte contre X, l’omerta régnant dans le milieu de produits phytosanitaires, avançant que son père n’avait pas été informé des risques relatifs au produit qu’il épandait sur ses vignes.
Ainsi, la quantification des risques liés aux pesticides est encore aujourd’hui compliquée, ce qui laisse le débat se poursuivre principalement entre deux types d’acteurs très engagés : les associations de victimes d’une part, et d’autre part les firmes multinationales, dont les moyens importants sont notamment utilisés pour établir une communication qui redorerait l’image des pesticides.