La recherche commence

La recherche sur la maladie de Lyme et sur les maladies vectorielles à tiques est encouragée depuis quelques années, notamment par le plan Touraine. De nombreuses équipes médicales travaillent donc sur les divers aspects de cette maladie : compréhension, diagnostic, tests et traitements.

Sans prétendre être exhaustif, voici les principaux domaines où la recherche est active :

  • Sur la tique elle même ainsi que sur son fonctionnement. Des équipes, notamment celle du professeur Jaulhac, s’intéressent aux bactéries portées par ces animaux, sur la fréquence d’apparition de Borrelias au sein d’une population de tiques, ainsi qu’à leur développement.
  • Sur les bactéries elles mêmes ainsi que sur leur famille (spyrochètes) qui englobe des bactéries causant d’autres maladies, telles la syphilis. Ces bactéries ont leurs spécificités propres, et sont étudiées depuis longtemps.
  • Recherche d’un éventuel vaccin qui pourrait fonctionner en Europe. Toutefois, son développement est plus complexe qu’aux Etats Unis où il en existe déjà un : en effet, trois souches de borrelias se mêlent en Europe là où on n’en retrouve qu’une en Amérique.
  • Recherche sur les différentes formes de la maladie, notamment sur les spécificités des formes neurologiques, qui nécessitent des traitements et des tests particuliers.
  • Recherche sur de nouveaux types de diagnostics. Cela englobe de nombreaux travaux qui vont de l’optimisation des tests sérologiques de type Elisa au développement et à l’utilisation d’autres tests (microscopie, multiplication d’ADN, où d’autres méthodes plus complexes).
  • Recherche sur la forme tertiaire ou « chronique ». Cette forme, encore largement incomprise, concentre des chercheurs qui essayent de lui trouver une explication. De nombreuses pistes sont étudiées, tant bactériologiques (mais pas forcément des borrélioses, il peut s’agir d’autres organismes) que virales.
  • Plusieurs articles paraissent aussi pour tester des remèdes ou des antibiotiques. Des tests versus placebo permettent notamment de disqualifier un certain nombre de mesures proposées.
Différents niveaux de preuves [29]

La recherche concentre elle aussi un certain nombre de tensions. Les partisans du docteur Horowitz ou du docteur Perronne se disent souvent censurés, que ce soit par leurs collègues où par les revues scientifiques. Leurs adversaires mettent en avant de graves défauts de rigueur dans leurs protocoles ainsi que des conflits d’intérêts inquiétants. Il y a en fait un désaccord de fond sur la manière de considérer la recherche. Les acteurs de la controverse proches du docteur Jaulhac (parmi lesquels la SPILF et la HAS) défendent une conception de la médecine très pure qui ne s’appuierait que sur des preuves, sur des expériences très rigoureuses, documentées et reproductibles, et notamment au principe du test en double aveugle (traitement vs placebo). Cette démarche est communément appelée evidence based medecine. Le Dr. Perronne n’hésite pas à critiquer fortement cette conception de la recherche dans son livre. Selon lui, ces médecins se préoccupent plus de la science que des malades. Dans le cadre d’une maladie si complexe et si sensible au sujet, il n’est, selon lui, pas possible de détacher le ressenti du patient du traitement. De plus, il serait impossible de constituer un échantillon représentatif de malades identiques. Il milite plutôt pour des traitements au cas par cas, ce qui demande une grande liberté du médecin face à ses malades pour pouvoir expérimenter diverses solutions. Le Dr. Perronne est par ailleurs très critique envers les tests à double aveugle : selon lui, le fait de tromper certains individus avec des placebo ne fait que nuire à la confiance portée par le public dans la médecine.

 

En définitive, les tensions entourant la maladie de Lyme au sein de la communauté médicale sont le reflet d’un conflit plus général entre les partisans d’une médecine qui demande des preuves très fortes et indiscutable et ceux qui défendent une médecine plus expérimentale.