Le débat sanitaire

Tout d’abord au sein de la famille des ondes électromagnétiques, il existe plusieurs types d’ondes, classées en fonction de leur fréquence.

 

Le compteur Linky émet des rayonnements non-ionisants basse-fréquence voire très basse fréquence. L’INRS (Institut National de Recherche et Sécurité) a publié une étude sur les effets des rayonnements non-ionisants sur l’homme. Dans cette publication, la dangerosité de ces ondes n’est pas niée (ces ondes sont classées cancérogènes possibles catégorie 2B), mais elle est liée à l’intensité du rayonnement reçu. Cela correspond bien aux arguments avancés par Enedis. Des études ont donc été réalisées pour mesurer l’intensité du rayonnement électromagnétique induit par l’émission de signaux CPL par le compteur jusqu’au concentrateur CPL.

L’ANFR (Agence Nationale de FRéquence) a effectué des mesures en laboratoire et sur le terrain (dans diverses régions de France). Dans une publication grand public, l’ANFR énonce sa conclusion sur la faible émission du compteur Linky, et donc un impact négligeable sur la santé. En effet elle a mesuré une intensité de 0.1 V/m à 50 cm du compteur contre 2.8 V/M pour une box internet ou 4 V/m pour un téléphone portable. Cette étude vient contredire les arguments avancés par certains opposants au projet sur le fait que le CPL ne s’arrêterait pas au simple compteur Linky mais se propagerait dans tous les câbles électriques de l’habitation.

Cependant pour les personnes se déclarant éléctro-hypersensibles, une émission supplémentaire, aussi faible soit-elle, n’est pas négligeable. Il est donc important d’étudier de plus près l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. L’INSR ne nie pas que l’hypersensibilité aux Ondes Electro-Magnétiques peut exister.

 

“La perception d’un risque peut elle-même induire des effets non directement liés à la cause. Cela peut notamment être le cas pour les femmes enceintes, c’est pourquoi il est parfois préconisé de soustraire ces personnes à ce type d’exposition si elles sont inquiètes”, position de l’INSR sur l’hypersensibilité.

 

Pour pallier ce genre de situation, Enedis a mis en place un service de réclamations pouvant mener à une médiation qui vise à reporter l’installation du compteur ou à l’installer plus loin de certaines maisons. C’est tout du moins ce qu’affirme Bernard Lassus, directeur du projet Linky dans une interview au “Téléphone Sonne” de Radio France.

Il est cependant évident que la procédure pour refuser l’installation du compteur Linky sans devoir payer le relevé de compteur après 2020 reste compliquée et qu’Enedis aurait tout intérêt à simplifier cette procédure pour que le compteur soit plus attrayant.

En ce qui concerne les incidents électriques survenus ces derniers temps, Enedis se défend en invoquant deux choses. Tout d’abord le fait que des accidents de la sorte existaient bien avant l’installation des compteurs Linky et que sur un projet d’une si grande ampleur, la survenue d’accidents lors de la pose est statistiquement inévitable.

Développons le premier point; il est vrai que 30% des incendies domestiques sont d’origine électrique et la plupart du temps dus à une mauvaise utilisation des appareils électroménagers (pour plus d’information). Cependant cela ne veut pas dire que certains incendies se sont déclarés par défaillance du compteur Linky. Au sujet de ce type d’accident, Enedis préfère jouer la carte de la mauvaise installation pour éviter à tout prix l’idée d’un dysfonctionnement de certains compteurs.  

Enedis fait appel à des entreprises privées pour installer ces compteurs, à la question sur l’encadrement par Enedis/ la formation des installateurs, un cadre d’Enedis nous a dit (voir l’interview) que ces installateurs ne sont pas contrôlés directement par Enedis. Enedis a établi un cahier des charges pour ces entreprises, se dédouanant ainsi de toute responsabilité en cas d’accidents lors de la pose. Un reportage d’Envoyé Spécial du 14 Juin 2018 montre qu’il arrive que les installateurs des compteurs ne sont pas toujours suffisamment formés, provoquant ainsi des risques d’accident élevés.