Plusieurs méthodes permettent d’évaluer la probabilité de récidive d’un individu :
EXAMEN CLINIQUE LIBRE
« L’examen clinique consiste à s’entretenir avec le criminel afin de mieux connaître ses capacités l’introspection, son empathie envers la victime, le regard qu’il porte sur son acte, etc. À l’expert ensuite, au vu de ces résultats, d’estimer le risque de récidive. » (La croix, Vendredi 28 Janvier 2011)
ECHELLE ACTUARIELLE
- Explication
» La méthode actuarielle identifie, elle, des liens statistiques entre plusieurs facteurs (sociologiques, institutionnels, judiciaires) et le risque de récidive. On regarde ainsi si le criminel a vécu ou non en foyer avant l’âge de 16 ans, s’il a commis plusieurs agressions identiques par le passé, s’il a démontré une capacité à vivre en couple pendant plus de six mois, s’il a des addictions, etc. » (La croix, Vendredi 28 Janvier 2011)
- Attention toutefois :
» Il ne s’agit donc pas d’affirmer qu’un délinquant a 25 % de chance de récidiver mais que, vu son profil, il se rapproche d’un groupe de criminels ayant, par le passé, récidivé dans 25 % des cas. « (La croix, Vendredi 28 Janvier 2011)
« Il ne s’agit pas à proprement parler d’une prédiction, puisque le raisonnement est probabiliste et non déterministe. Il n’est en effet jamais possible de prévoir le comportement d’un individu particulier, mais simplement de lui attribuer – en tant qu’appartenant à un groupe porteur d’un facteur de risque ou de protection – une probabilité de récidive. » (conf de consensus, fiche 4)
- La méthode actuarielle est controversée.
Selon La Croix, la majorité des médecins et psychiatres y sont opposés.
Expert psychiatre Daniel Zagury: « Avec cette méthode, on nie la qualité de sujet, mais aussi le libre arbitre du criminel. Il ne fait plus qu’appartenir à un groupe statistique. Or, il est impossible de prédire avec certitude son comportement ! […] Par ailleurs, les critères retenus par cette méthode poursuivent le délinquant toute sa vie (placement dans l’enfance, antécédents judiciaires, type de victimes visées, etc.). Qu’importe qu’il se soit ensuite marié ou converti, qu’il ait fait un vrai travail psychologique sur lui. N’est-ce pas contraire à l’éthique que de l’enfermer ainsi dans son passé ? »
Avis du magistrat Avner Azoulay, juge d’application des peines à Saverne (Bas-Rhin).
« L’actuariel ne doit pas se substituer à l’examen clinique. Il a simplement le mérite de nous faire mieux comprendre ce qui, chez le criminel, peut constituer un facteur de risque de récidive. »
« Les différentes conférences de consensus organisées autour des soins psychiatriques ont également souligné de manière convergente que, quelle que soit la pertinence des échelles statistiques utilisées, elles devaient impérativement s’accompagner d’un examen clinique. » (conf de consensus)
La méthode actuarielle ne permet pas d’identifier les moyens de diminuer les chances de récidive d’un individu : (Conf de consensus)
Comme « ces échelles ne contiennent habituellement que des facteurs statiques ou immuables », elles » n’offrent pas la possibilité de gérer le risque en agissant sur les facteurs qui y contribuent »
EVALUATIONS CLINIQUES STRUCTUREES (années 90)
Il s’agit de combiner les deux méthodes précédentes en pondérant les risques (indiqués par l’échelle actuarielle) par une évaluation clinique.
« le résultat ne prétend pas chiffrer le niveau de risque, mais plutôt traduire la prise en compte systématique de chacun des critères par l’évaluateur.« (conf de consensus)
« [L'approche probabiliste] est beaucoup moins [contestable] si elle sert seulement à orienter une analyse plus qualitative (clinique ?) sur la base d’un dossier individuel nourri à plusieurs sources et d’entretiens par des personnels formés à la criminologie. »
Cette méthode fait également débat. Je ne développe pas ce thème ici.