Cette méthode appliquée à l’étude de l’impact de la prison consiste à considérer tous les libérés d’une année donnée, pour regarder ensuite leur devenir pénal à une date donnée quelques années plus tard.
- Qui, quelle(s) publication(s) ?
Plusieurs chercheurs ont utilisé cette méthode développée au cours des années 1970 par la CNERP. On peut notamment citer pour des études récentes, P.V. Tournier et A. Kensey, à travers deux grandes enquêtes : une à l’échelle nationale, et une autre dans le département du Nord. Les publications correspondantes sont respectivement « Prisonniers du passé ? Cohorte des personnes condamnées, libérées en 1996-1997 : examen de leur casier judiciaire 5 ans après la levée d’écrou (échantillon national aléatoire stratifié selon l’infraction) » et « Sanctions alternatives à l’emprisonnement et « récidive ». Observation suivie, sur 5 ans, de détenus condamnés en matière correctionnelle libérés, et de condamnés à des sanctions non carcérales (département du Nord) » (en collaboration avec F. Lombard). On a également A. Kensey et A. Benaouda : « Les risques de récidive des sortants de prison. Une nouvelle évaluation. »
- Quelle(s) justification(s) ?
Les justifications de cette méthode se définissent en partie par opposition à l’autre approche : « Cette démarche dynamique, tournée vers le futur, est la seule qui permette d’évaluer des « risques » » . En effet, comme on l’a vu dans la page précédente, l’approche rétrospective ne permettrait pas d’évaluer un risque (la probabilité d’apparition d’un événement au sein d’une population), mais seulement une proportion (le rapport d’une partie sur le tout).
On peut, comme dans le premier cas, étudier l’influence du passé pénal, mais également considérer « l’influence des conditions d’exécution des peines en milieu fermé comme en milieu ouvert ». En effet, une telle démarche de suivi, qui fait appel à des documents complémentaires du Casier, permet de prendre en compte les cas de Libérations Conditionnelles (LC), et, de manière générale, les modulations de durée qui ont pu amener un individu de la cohorte à sortir de prison durant la période de départ de l’intervalle d’observation.
- Quelles critiques ?
On peut trouver deux principales critiques à cette méthode : la première est formulée dans les Infostat Justice, et concerne la cohorte étudiée. Dans le cas de l’approche rétrospective, en effet, on étudie le passé d’une population des condamnés d’une année donnée, ce qui permet de choisir une année très récente. Inversement, l’observation suivie « oblige à se référer à des cohortes de condamnés déjà anciennes » puisque elle étudie le devenir d’une population de sortants de prison. On comprend dès lors qu’une telle méthode est problématique pour étudier l’impact à court terme d’une mesure de lutte contre la récidive, une des fonctions majeures de toute étude visant à produire des chiffres sur la question.
La seconde critique est dans la même veine : la deuxième méthode est beaucoup plus lente à mettre en place que la première, et ne peut répondre, comme nous l’a expliqué M. Tournier, à une demande de production régulière de données sur la récidive.