Autostrade per l’Italia est une entreprise italienne chargée de la gestion des autoroutes italiennes; fondée en 1956 elle appartient intégralement à la société Atlantia et compte près de 10 000 salariés, générant 4 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2012. Pionnière dans le télépéage – elle fut la première à installer un dispositif type écotaxe en Autriche – elle crée un consortium afin de répondre à l’appel d’offre français lancé en 2009 avec Thalès, SNCF, SFR et Steria, qui va aboutir à la création de la société Ecomouv en 2011.

Un centre d’appel est implanté à Metz afin de répondre aux interrogations des transporteurs. Le siège social est lui situé à Paris dans le 8ème arrondissement. La tête de l’entreprise : Daniele Meini, ancien d’Autostrade est assisté par Sergio Battiboia, Michel Cornil et Jean-Christophe Damez, que nous avons rencontré lors d’un entretien dans les locaux d’Ecomouv’. L’échéance est fixée à juillet 2013, en attendant les 300 employés de la société s’affairent à penser, concevoir et réaliser un dispositif technique de pointe qui doit concilier les contraintes douanières et européennes.

Le gel final de l’écotaxe se traduit pour l’entreprise par une disparition pure et simple de son activité et de facto un licenciement de l’intégralité de ses employés. La rupture du contrat s’accompagne de 403 millions d’euros d’indemnités auxquelles s’ajoutent 390 millions de créances d’Ecomouv. Bien que bientôt intégralement délitée, elle se doit de conserver son statut de société afin de recevoir durant les 10 ans à venir les créances de l’Etat.

Pour plus d’information sur la mise en place de l’écotaxe par Ecomouv, se référer à l’étape «Comment taxer» du descriptif.

Eurotoll est une filiale du Groupe Sanef Abertis (le leader mondial pour la gestion des autoroutes). Son objectif affiché est le suivant :

Elle fournit l’ensemble du matériel nécessaire à la circulation sur les 55 000 km de réseau à péage européen et était donc grandement concernée par l’éventualité d’une écotaxe française. En tant que fournisseur, Eurotoll s’apprêtait à distribuer des boîtiers adéquats au nouveau système et avait mis en place une politique d’information envers ses clients sur les changements principaux qui allaient les affecter.

Pour eux l’écotaxe c’est donc une affaire toute commerciale, et ils tirent un intérêt certain à ce que de tels systèmes soient mis en place dans les différents pays puisque cela accroît la demande de matériels ainsi que le besoin de se référer à eux pour comprendre la complexité de la taxation en général.

Les Transports Lahaye, sont la principale filiale du groupe Montmur (spécialiste de la logistique et du transport multimodal). Ils ont été créé en 1953 par Joseph Layahe, père de l’actuel PDG du groupe Montmur, Patrck Lahaye, que nous avons eu l’opportunité de rencontrer lors d’un entretien.

Ce groupe a la particularité de s’être engagé dans une démarche environnementale, dont le point de départ se situe lors de la signature de la charte «objectif CO2» en 2009.  Cette dernière fut élaborée suite au Grenelle de l’environnement et oriente le comporte éco-responsable des Transports Lahaye : renouvellement du parc tous les 3 ans par des véhicules moins polluants respectant les normes Euro V, formation du personnel à l’éco-conduite et surtout engagement depuis près de 10 ans dans le transport multimodal (ferroutage).

Patrick Lahaye nous a confirmé qu’il était initialement en faveur d’une taxe qu’il percevait alors comme nécessaire et normale :

En revanche, Patrick Lahaye adopte également une attitude critique envers cette taxe tout d’abord – qui s’ajoute à un système déjà complexe – mais aussi envers l’entreprise Ecomouv‘ – qui absorberait une part trop importante de la recette.

Quant à l’avenir, M. Lahaye se positionne pour «une vraie politique d’environnement» avant de préciser :

Voilà encore un exemple d’entreprise familiale, cette société fondée en 1919 par Martin D’Haenans à Lille est aujourd’hui aux mains de son petit-fils Michel D’Haenens. Le chiffre d’affaire annuel de la société est de 15 400 000€ et elle emploie 150 personnes.

A l’inverse de Patrick Lahaye, Michel D’Haenens, qui est aussi l’ancien président du Centre Régional de Transport de Lesquin, a critiqué l’écotaxe dans un entretien accordé à La voix du Nord le 23 octobre 2013 (Écotaxe : les chefs d’entreprise du CRT de Lesquin mécontents).

Michel D’Haenens critique l’écotaxe en mettant en lumière certains points prolématiques.

Concernant la distribution des boîtiers : il se demande par exemple comment un chauffeur pourra se réapprovisionner en cas de panne du boitier.

Concernant la gestion financière des entreprises, il met en évidence certains problèmes de gestion :

 Cette entreprise du Loir-et-Cher dont le siège social est situé à Contres emploie près de 140 salariés et est dirigée depuis 30 ans par Bruno Robert, ex-président de la FNTR Centre et créateur de l’Union des transporteurs du Centre Val de Loire.

Signataire de la charte «objectif CO2», cette entreprise est engagée vers un futur plus écologique. C’est notamment en 2014, dans le but de remporter un appel d’offre d’Airbus qu’elle décide de contrer les bas prix compétitifs des transporteurs d’Europe de l’Est par l’achat de camions à deux étages, dont la hauteur est ajustable (et permet ainsi de respecter les différentes normes en vigueur). D’après le président du groupe cette solution permettrait au client de «réduire son budget transport de 26%» avec en parallèle «une réduction de CO2 de 41%». Des innovations techniques alternatives à l’écotaxe en matière d’environnement ?

En tout cas, les positions de Bruno Robert explicitées dans l’article Pour une alternative à l’écotaxe (La Nouvelle République, 17 mai 2014) laissent penser qu’il s’oppose plus aux modalités d’application de la taxe poids-lourds qu’à son principe même. Il a d’ailleurs fait sécession pour proposer son projet d’Éco-Max PL, une taxe diluée qui s’étendrait à tous les kilomètres parcourus, aux étrangers et inclurait la taxe à l’essieu. Bruno Robert, à l’époque, était fermement déterminé à refuser l’écotaxe et à combattre pour la modifier :

La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) est un syndicat français des transports routiers. Créée en 1993 sa mission est la défense et la promotion des intérêts, de l’image et de la pérennité des entreprises et du secteur du transport routier de marchandises français. Ce dernier objectif consiste à aider les entreprise du secteur à s’adapter à un monde en constant changement en matière de normes et de contraintes sociales et économiques.

Elle se considère donc un acteur de premier plan pour tout ce qui touche aux modifications du secteur des Transports, ne se restreignant pas à un rôle d’informatrice, elle considère avoir sa place au sein des débats sociaux et économiques concernant ce secteur.

À propos de l’écotaxe, elle s’assigne comme objectif majeur d’informer ses adhérents ainsi que de les protéger au mieux. Elle appréhende par ailleurs la mise en place de cette taxe comme s’inscrivant au sein d’une tendance générale au développement d’une fiscalité spécifique au transport qui devrait se poursuivre dans les années à venir et contre laquelle le syndicat explique être tout particulièrement vigilant.

L’action principale du syndicat fut de pousser le gouvernement à mettre en place une répercussion efficace du coût de la taxe dans le prix des prestations de transport afin de protéger les entreprises de poids lourds, c’est-à-dire qu’ils s’en sont tenu à leur rôle de syndicat en préservant leurs adhérents des dommages financiers évidents dont la taxe allait être à l’origine. Leur travail de lobbying se verra félicité par l’inscription dans la loi Grenelle I du principe de répercussion de la taxe sur le bénéficiaire de la circulation de la marchandise. Une précision de ces modalités dans la loi de finances 2009 nous apprend que « le prix du transport est majoré de plein droit (…) La facture fait apparaître les charges supportées par l’entreprise au titre de ces taxes ». 

L’Union des Entreprises de Transport et de Logistique de France est la première organisation professionnelle représentative de l’ensemble des métiers de la chaîne du transport et de la logistique. Elle représente, promeut et défend les intérêts de l’ensemble du secteur d’activité. Les entreprises adhérentes sont des entreprises de plus de 200 000 salariés et exercent toutes dans le secteur du transport.

Elle s’intéresse à tous les types de transports, routiers, fluviaux, maritimes, aériens, et a donc un regard très global sur la question. Ainsi son échelle permet t’elle d’aborder l’écotaxe sous la facette d’un éventuel report modal renforcé et plus généralement de réfléchir à comment fonctionnent et interagissent les différents modes de transports sur le territoire français.

Déplorant en France d’une part une fiscalité déjà lourde et d’autre part un véritable déficit de compétitivité du entre autre à un coût du travail moindre chez les voisins européens, elle se présente comme «hostile depuis toujours» au projet d’écotaxe et s’inscrit donc aux côté du FNTR afin de s’y opposer et de défendre au maximum les transporteurs. Son travail de lobbying rejoint celui du groupe syndical présenté précédemment et on la compte donc parmi ceux qui permettront le report du poids de la taxe sur les chargeurs. 

C’est une organisation syndicale qui se revendique «de proximité», née d’un conflit entre transporteurs routiers et gouvernement sur le prix du carburant en 2000, elle cherche à coller aux mieux aux interrogations et aux problématiques de terrain que rencontrent les transporteurs.

Tout comme les autres syndicats, elle s’inscrit dans une opposition ferme à l’écotaxe.  Durant toute la mise en oeuvre du projet elle s’affirme comme force de pression antitaxe, lançant des pétitions en ligne, exprimant des critiques acerbes au propos du projet sur leur site ou sur les réseaux sociaux. L’association était même sur le point de lancer un appel à un mouvement de grande ampleur en octobre 2014 soit au moment même ou le gel de l’écotaxe fut annoncé par Ségolène Royal et Alain Vidalies.