En octobre 2008 est paru Le dernier verre d’Olivier Ameisen, un cardiologue qui s’est auto-administré du Baclofène à des doses importantes et s’est ainsi guéri de son alcoolo-dépendance. En effet, le baclofène est un médicament utilisé pour les contractures musculaires avec des doses de l’ordre de la trentaine de milligrammes par jour. Olivier Ameisen a obtenu des résultats pour l’alcoolo-dépendance avec des doses approchant les 300 mg/j. Il présente dans son livre une molécule miracle qui permet de refréner ses pulsions, voire les supprimer complètement. L’idée séduit facilement et les informations se mettent à circuler plus intensément. Faisons rapidement un point sur l’histoire médiatique du baclofène.
Internet est un champ de bataille où quelques acteurs sont très actifs et proposent des quantités importantes d’informations. Cependant, le thème « baclofène et alcool » ne date pas de 2009 puisque dès les années 2000 des études italiennes commencent déjà à considérer de manière sérieuse l’utilisation du baclofène en addictologie. Sur l’espace médiatique, on observe tout d’abord une décorrélation quasi-totale entre les volumes d’articles scientifiques à l’échelle internationale et les volumes médias grand public en France.
Sur ce graphique, Web of Knowledge et PubMed représentent les volumes de papiers scientifiques à l’échelle internationale, tandis que Google Trends quantifie les recherche google associées à baclofène (orthographe française), Lexis Nexis les articles de presse en français. Enfin, la courbe bleue (Sales) donne l’évolution des ventes en dizaines de millions de comprimés de 10mg).
Voici un autre graphique, reprenant le principe du précédent, mais en mois par mois, entre 2008 et 2012. Pour plus d’informations sur les graphiques, nous vous invitons à lire la page obtention des résultats de quantification.
Tous les témoignages convergent sur l’efficacité du baclofène, du moins sur les trois sites ayant « baclofene » pour nom de domaine, et les forums qui y sont attachés. Les patients alcoolodépendants se soignant au baclofène relatent les améliorations de leur maladie, le détachement progressif de la consommation d’alcool, et le fait de pouvoir retrouver une vie normale. L’avantage le plus mis en avant par les adeptes du baclofène est aussi le fait de pouvoir consommer de l’alcool en étant sous traitement et sans « sombrer de nouveau dans l’alcoolisme »… Ces points de vue aident à comprendre intuitivement la « plus-value » ainsi mise en exergue du baclofène.
Par exemple, sur le forum du site baclofene.fr, dans la rubrique « l’indifférence n’est pas l’abstinence », on peut lire une description de « l’indifférence » : « L’indifférence est une étrange sensation […] Quand ça arrive enfin, il ne se passe rien. On s’en rend compte après en se disant : Tiens, j’ai rebouché la bouteille et je l’ai rangée. Comme tout le monde.[…] Être « indifférent », c’est exactement pareil que si l’on était « normal » … Comme quelqu’un qui n’a jamais été alcoolodépendant. Quelqu’un de « normal » peut boire ou ne pas boire par simple décision. Il peut donc décider d’être sobre. » L’article est émaillé de conseils, et tente de montrer en quoi la notion d’abstinence peut être avilissante pour un alcoolique.