Véronique - Mon mari et moi souhaiterions faire l’acquisition d’un second véhicule, qui me servirait essentiellement pour mes déplacements quotidiens entre mon domicile et mon lieu de travail. Je réfléchis par conséquent à me tourner vers le véhicule électrique, dans la mesure où celui-ci est compatible avec les usages que j’envisage. Si je fais ce choix, ce serait parce que je suis consciente de la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour enrayer le changement climatique en marche, et par conséquent, je suis soucieuse de mon empreinte environnementale. Mais l’électrique est-il vraiment plus écologique qu’un véhicule thermique habituel ?

François - En tant que représentant de l’État, je peux vous justifier l’investissement que nous avons réalisé dans la filière électrique. Avant cela, j’aimerais juste souligner que, comme vous, la plupart des consommateurs regardent et comparent les impacts environnementaux des différents types de véhicules ; cependant, bien peu d’entre eux en font un critère de choix déterminant (ils regardent d’abord le coût). Pour que les aspects écologiques et économiques d’un véhicule se rejoignent, nous avons mis en place un système de bonus / malus sur les émissions de gaz carbonique. Par un tel système, les véhicules électriques sont largement subventionnés, à hauteur de 7000€ (contre 5000€ pour un hybride rechargeable, et 1000€ pour un hybride non rechargeable). Ceci montre bien la supériorité du véhicule électrique sur ses concurrents d’un point de vue écologique. Et de fait, ses émissions de gaz à effet de serre sont négligeables.

Véronique - J’ai cependant l’impression que, dans l’électrique, les constructeurs ne font que masquer les émissions de gaz carbonique. En effet, si un véhicule électrique n’en émet pas lorsqu’il roule, c’est au moment de la production d’électricité (qui est ensuite stockée dans les batteries) que l’impact environnemental est le plus préoccupant ! Il faut tenir compte des émissions de CO2 sur toute la chaîne, depuis la production d’électricité jusqu’à son utilisation dans le fonctionnement du moteur. Et là, vous ne communiquez pas de chiffre clair…

François - C’est parce que cela dépend des pays ! Certes, pour qu’un véhicule électrique puisse vraiment être qualifié d’écologique, il ne faut pas que l’électricité provienne de centrales à charbon. Cependant, en France, nous avons une production d’électricité performante et propre : la majeure partie provient du nucléaire, qui n’émet pas de carbone dans l’atmosphère. Nous avons ainsi une énergie nettement plus écologique que l’essence.

Véronique - Mais le nucléaire comporte des risques pour l’environnement qui sont autres que les émissions de gaz carbonique : on l’a bien vu avec la catastrophe de Fukushima. Ce sont des énergies vraiment renouvelables et sans risque pour l’environnement qu’il faudrait utiliser : solaire, éolien, etc. Pourquoi ne les mettez-vous pas en avant ?

François - Nous soutenons évidemment le développement de ces énergies vertes, par des subventions conséquentes et des réductions d’impôts. Elles bénéficient également des bonus liés à la non émission de gaz à effet de serre. Cependant, les énergies photovoltaïque et éolienne ne peuvent pas être utilisées, actuellement, dans les véhicules électriques, tout simplement parce qu’elles sont trop chères, et n’offrent pas un modèle économique viable. Dans l’état actuel des choses, le nucléaire est la meilleure solution pour avoir une énergie propre et peu chère. Cependant, la situation est certainement amenée à évoluer, dans la mesure où les prix des nouvelles énergies (en particulier des cellules photovoltaïques) sont appelés à baisser, pour que celles-ci deviennent compétitives. D’ici plusieurs années, nous pouvons donc imaginer des véhicules électriques fonctionnant à l’énergie solaire ou éolienne, ce que nous soutenons évidemment.

Véronique - Et de plus, dans cette logique, vous ne tenez pas non plus compte du problème du recyclage des batteries usagées, problème qui n’existe pas pour un véhicule thermique. J’ai entendu dire qu’on ne savait pas encore recycler les batteries au lithium, utilisées dans les véhicules actuels. Alors que fera-t-on des produits polluants contenus dans les batteries ?

François - C’est en fait inexact : nous savons recycler les batteries au lithium et en récupérer les éléments chimiques constitutifs. Un tel recyclage n’en est certes qu’au commencement de son développement, et des incertitudes demeurent sur sa faisabilité à une échelle industrielle. Cependant, le véritable obstacle est d’ordre économique : cette opération n’est pas rentable. Elle pourrait le devenir si les cours du lithium venait à monter (ce qui serait inévitable si les batteries au lithium se généralisaient), et le recyclage, même non rentable, pourrait aussi être imposé par des directives gouvernementales. Le recyclage des batteries est donc envisagé, même s’il pose encore des problèmes. En effet, nous pensons également qu’il est nécessaire pour avoir un véhicule électrique respectueux de l’environnement.