Utilisation : Dialogue entre le constructeur et le consommateur

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Charles – Je suis constructeur de véhicules. Pour répondre aux futurs besoins en termes de mobilités, avec l’épuisement des ressources pétrolières aisément disponibles, je développe plusieurs modèles de véhicules électriques, qui commencent à être commercialisés.

Marcel – Bonjour, je suis routier. Quel que soit le modèle de véhicule électrique que vous produisez, il ne correspondra jamais à mes besoins : chaque jour, je parcours près de 1000 km, alors que l’autonomie des batteries ne dépasse pas les 200 km… Le rechargement d’une batterie dure plusieurs heures, ce qui représente une perte de temps considérable : ce n’est pas imaginable dans mon quotidien. Même l’idée d’une location de batterie, qui permettrait dans la changer sur une aire d’autoroute, suppose le développement d’un vaste réseau d’infrastructures, qui n’en est qu’à un stade embryonnaire. Comment envisagez-vous une mobilité durable pour moi ?

Charles – Nous n’avons jamais envisagé, avec un véhicule électrique, de répondre à tous les besoins correspondant à tous les usages. Le marché automobile est déjà segmenté, par tailles de véhicules, par puissance, etc. Notre objectif est seulement d’ajouter un critère de choix possible lors de l’acquisition d’une voiture : le mode de propulsion. Le véhicule électrique répond aux besoins de certains usagers, mais comme vous le soulignez, il n’est pas adapté aux vôtres. La mobilité du futur passera par des moyens spécifiquement adaptés à vos besoins : un véhicule thermique tant qu’il restera rentable malgré l’envolée des prix de l’essence, puis à terme, certainement, le train ou d’autres moyens de transport…

Marcel – Si vous pensez que le véhicule électrique n’est pas destiné à être utilisé pour de longs trajets, vous allez développer un véhicule de niche, qui sera exclusivement réservé au cercle restreint, fermé et privilégié des ménages possédant dores et déjà un véhicule thermique pour les longs trajets, et qui utiliseraient l’électrique uniquement comme un second véhicule leur permettant d’effectuer les petits trajets du quotidien…

Charles – Il me semble cependant qu’il faille définir la taille de la niche : pour la Twizy, nous avons déjà 10 000 immatriculations par an, alors que ce véhicule n’en est qu’à son lancement. Nous en prévoyons 200 000 pour la Zoé, ce qui montre qu’une telle voiture électrique répond aux besoins d’une part non négligeable de la population. Les personnes concernées n’ont pas forcément une seconde voiture, contrairement aux idées reçues : il existe beaucoup de personnes qui n’utilisent leur véhicule que pour des petits trajets (de moins de 100 km) 99% du temps, et qui n’effectuent Paris-Marseille qu’une ou deux fois par an. Pour un tel comportement, ces personnes ont tout intérêt à adopter un véhicule électrique (qui répond à la quasi-totalité de leurs besoins), et à utiliser le train ou à louer un autre véhicule adapté au long trajet annuel.

   

École des Mines de Paris - Cours de controverse - 2012/2013

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Voiture électrique : une mobilité durable ?