La perspective du véhicule électrique est directement associée à la façon dont va être définie la mobilité de demain. La congestion des réseaux routiers urbains et le développement des transports en commun subissent une évolution dans laquelle la mobilité électrique doit s’inscrire. Revoir l’usage de la voiture au quotidien ? L’autopartage (l’exemple du projet Autolib’ sera abordé plus loin) et le covoiturage sont des exemples de solutions. Par ailleurs, les modes d’utilisation des véhicules électriques doivent répondre à de nouveaux critères : diminution de la pollution visuelle, sonore et atmosphérique.
Le nouveau visage de la mobilité
De nombreuses études ont été menées pour cibler précisément les attentes des consommateurs (notamment le rapport de la CGIET « La voiture de demain : carburants et électricité », présidé par J. Syrota), et il ressort de ces rapports des cycles de conduite européens décrivant la consommation électrique selon le type d’utilisation du véhicule.
Quel que soit le cycle de conduite, l’autonomie reste limitée. Dès lors, les objectifs de l’État s’orientent autour de l’instauration d’un « véhicule léger » : la motorisation électrique est employée pour les trajets de courte durée (trajets en ville pour les services publics comme la poste et les transports en commun, ou bien un usage personnel comme voiture de seconde main). Pour ce qui est des longs trajets, de nombreux choix techniques en matière d’infrastructures doivent être faits pour développer les interfaces réseau électrique / bornes de rechargement et bornes de rechargement / véhicules qui serviront à consolider un réseau permettant la charge des véhicules. Plusieurs problèmes se posent en effet dans le développement des infrastructures, et ils ont été soulignés par Jean Cueugniet et Philippe Hirtzman, du CGEIET, lors de l’entretien qu’ils nous ont accordé, par exemple :
- Qui doit payer ? S’il est spontanément envisagé que le propriétaire de l’emplacement y paie l’installation de la borne de rechargement pour véhicule électrique (sur le parking d’un supermarché, ce serait la grande surface concernée ; dans la rue et les parkings publics, ce serait l’État…), quid des parkings d’immeubles, qui sont gérés en copropriété ? En effet, le système dans lequel chacun paierait la borne correspondant à son emplacement serait injuste, car le premier à réaliser cette installation serait désavantagé et paierait considérablement plus cher que les autres (il faut creuser et amener les câbles jusqu’au parking).
- Le temps de charge du véhicule électrique est également un obstacle, qui rend difficilement imaginable son utilisation pour un long trajet (de type Paris-Marseille). En effet, en considérant une charge rapide de 20 minutes (ce qui est un minimum), je peux certes attendre 20 minutes au bord de l’autoroute pour que mon véhicule se charge. Mais s’il y a de la queue à la station-service, il suffit de 2 véhicules devant moi pour que le temps d’attente atteigne une heure… ce qui est considérablement plus contraignant.
Un exemple d’envergure régionale : Autolib’
Après un an et demi de fonctionnement, le système de transport Autolib’ a fait ses preuves à Paris, puis dans des départements voisins tels que les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-De-Marne. Autolib’ représente aujourd’hui plus de 1000 stations (soit plus de 3000 véhicules « Bluecar »). L’appel d’offre du projet a été lancé par des municipalités d’Ile-de-France et les « Bluecars » ont été conçues par une filliale du groupe industriel Bolloré. Le système est simple, tout utilisateur muni d’un abonnement peut emprunter un véhicule à une borne pour un tarif horaire donné (voir le tableau ci-joint).
Le succès de l’Autolib’ est en partie dû au fait que ce service est adapté à une demande bien précise des utilisateurs, puisqu’il offre les avantages du déplacement en voiture (autonomie, confort, rapidité) mais sans les inconvénients des transports en commun (horaires inflexibles). Ce système d’autopartage est aussi une alternative à l’achat d’une voiture neuve, et séduit de nombreux jeunes adultes pour qui l’achat d’une voiture en région parisienne n’est pas une nécessité.
La politique de l’État permet donc de développer une utilisation nouvelle du véhicule électrique, adaptée à ses capacités actuelles (autonomie, puissance) et de sensibiliser la population à cette technologie prometteuse.
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