Deux types de logiques sont avancées pour la relation entre MOOCs et enseignement traditionnel : la substitution et la complémentarité.
La substitution
La logique de substitution consisterait à remplacer intégralement l’enseignement traditionnel par les MOOCs. Pascal Engel affirme que cela permettrait de faire des économies, à la fois d’espace, de matériel et de personnel, dans un contexte où les universités sont débordées. C’est par exemple cette logique qui est adoptée par certaines personnes aux Etats-Unis qui proposent de remplacer intégralement la première et la dernière année des études Undergraduate par des MOOCs. Il s’agirait alors d’une véritable remise en cause du système traditionnel, en se calquant sur le modèle économique le plus rentable.
Toutefois, il semble peu probable d’assister à une telle évolution en France. Une des raisons à cela est notamment celle relative au financement. Celui-ci demeure encore insuffisant aujourd’hui, malgré l’argument souvent avancé que les MOOCs permettraient de faire des économies dans le domaine de l’éducation. De plus, les MOOCs tels que conçus actuellement présentent encore des faiblesses, notamment en comparaison à l’avantage du présentiel proposé par le modèle traditionnel. Ainsi, tout ceci laisse à penser qu’ils sont complémentaires au système actuel.
La complémentarité
Une autre logique est alors proposée pour les MOOCs : la complémentarité avec les cours traditionnels. Le caractère « Open » élargit par définition les publics visés et permettrait donc de toucher aussi bien les étudiants qui souhaitent doubler leurs cours, que les apprenants de la formation continue. Les MOOCs se dresseraient alors comme un appui du corps enseignant. Ainsi, celui-ci n’est pas prêt de disparaître comme le précise François Taddéi : « Les MOOCs ne sont pas en soi une menace pour les établissements d’enseignement supérieur, ils ne remplaceront pas ni les enseignants ni les universités […] mais le risque de standardisation de l’enseignement est bien réel ».
Toutefois, l’institution d’une complémentarité n’est pas sans difficultés, tant les logiques de l’enseignements en ligne et de l’enseignement traditionnel divergent. L’idée actuelle est alors d’essayer de trouver un compromis intéressant et satisfaisant pour que les MOOCs trouvent leur place dans le système éducatif. Dans cette perspective, certains établissements expérimentent diverses stratégies. On peut donner l’exemple de l’école de management de Grenoble qui a remplacé les cours magistraux par des MOOCs, et mis en place le principe de la pédagogie inversée (Pour plus d’information, rendez-vous sur « comment surmonter les difficultés »). Un tel propos nous invite justement à constater que si les MOOCs apportent une plus value dans la transmission du savoir, ils continuent d’imiter la pédagogie du cours traditionnel. Par exemple, le cours est souvent écrit au tableau pour faire « comme si » le professeur était présent, bien qu’il soit derrière l’écran, dans la vidéo. Imiter le cours en présentiel est-il la solution ?
Les perspectives d’évolution
Quelles sont les perspectives d’évolution envisageables ? Plusieurs facteurs facilitateurs de l’expansion des MOOCs[1] semblent leur promettre un succès, comme la gratuité et la culture philanthropique et ouverte à tous, des nouveaux supports de diffusion performants, un changement de culture (universalité de la connaissance), un public réceptif, la crise du système éducatif américain réputé trop cher et le coût des professeurs amoindri. Néanmoins, la réalité ne semble pas se profiler de façon si claire. Des chercheurs se sont alors penchés sur la question et ont envisagé plusieurs scénarios possibles[2] :
- Sur le plan social : ils pourraient contribuer à rassembler une grande communauté sur un sujet commun, mais cette communauté resterait virtuelle, sans nécessairement supprimer les modèles traditionnels d’enseignement
- Sur le plan politique : l’Europe et la France ont compris que les MOOCs avaient un rôle à jouer dans l’enseignement de demain, et se sont donc lancés dans la « MOOC mania »[3].
Si les MOOCs semblent encore avoir une place à trouver face à l’enseignement en présentiel, ils ont encore quelques preuves à apporter quant à leurs objectifs initiaux. En effet, ils soulèvent indéniablement la question de la réussite, ou non, de la démocratisation attendue. Cette dernière est-elle effective ?
Y a-t-il une démocratisation ? →
[1]BOURCIEU Stéphan, LEON Olivier, « Les MOOC, alliés ou concurrents des business schools ? », L’Expansion Management Review, 149, 2013, p. 14-24, doi: 10.3917/emr.149.0014.
[2] IHEST (Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie), « Rapport d’étonnement de l’atelier : les cours en ligne ouverts et massifs », cycle national de formation 2013-2014, promotion Boris Vian, 17/07/2014, 74 pages. Disponible sur http://www.ihest.fr/IMG/pdf/20140717-rapport_etonnements_mooc.pdf (consulté le 6/05/2015).
[3] BRAFMAN Nathalie ; « La « MOOC-mania » gagne la France », sur http://abonnes.lemonde.fr/, dernière mise à jour le 28 mars 2014. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/28/le-cnam-grand-gagnant-des-moocs-francais_4391106_3224.html