Selon Pascal Engel, les MOOCs permettent de faire office de “bonne vitrine” de l’enseignement supérieur, avec des professeurs “stars” que l’on poste sur le projet, offrant alors une certaine notoriété au sujet abordé.
Donner une bonne image de son université, école ou faculté a toujours été un objectif poursuivi, et tous les dispositifs possibles sont en général mis en œuvre pour que l’établissement rayonne à la plus grande échelle possible. C’est notamment ce que rappelle François Fourcade, en disant : « La renommée des enseignants comme le nom de l’école ou de l’université, sont des facteurs primordiaux pour l’inscription, au moins équivalents au contenu, aux certifications délivrées et aux infrastructures de fonctionnement. Et plus un établissement propose de MOOCs, plus il semble crédible et recueille d’adhésions. Il aura ainsi plus de chances d’identifier et retenir l’élite qui l’intéresse, qu’il s’agisse du sachant répondant à ses besoins, ou, mieux encore, du leader ayant démontré sur le MOOC qu’il disposait du meilleur réseau pour répondre à ces besoins »[1].
Ainsi, on comprend comment les établissements sont toujours à la recherche de plus de prestige et de visibilité. En effet, bien que le numérique se soit immiscé dans le domaine de l’éducation, les MOOCS ne rendent pas les établissements moins légitimes à aspirer à de telles positions. Les MOOCs sont au contraire devenus des outils de compétition[2], « des produits d’appel ou de complément »[3] car ils permettent de promouvoir l’école qui en est à l’origine pour attirer de nouveaux étudiants ou aider les étudiants dans leur travail en complément de ce qu’ils étudient en cours.
Ce graphique de Scopus permet de mettre en lumière la domination des grandes universités américaines dans la production de MOOCs. En effet, L’université de Stanford et le MIT occupent les deux premières places. Cette visualisation permet de relativiser la démocratisation de la production du savoir. En effet, aucune des deux universités précitées n’est située dans un pays en développement. Dès lors, on peut affirmer qu’Il existe une polarisation dans la production des MOOCs due à des conditions matérielles plus avantageuses tels que la possibilité de recourir à des professeurs prestigieux et de toucher des financements importants pour créer et mettre en ligne ces MOOCs. La démocratisation ne semble – pas encore – effective, et reste confinée dans les populations d’élites.
Dans cette même logique de notoriété et de prestige, un autre problème se dessine quant à l’utilisation hégémonique des MOOCs. En effet, la communauté d’apprenants, tout comme les professeurs, n’est pas à l’abri d’un risque d’utilisation de ces derniers comme « arme idéologique » (pour plus d’informations, rendez-vous ici). Mais au-delà d’en faire des outils de propagande, les MOOCs peuvent servir aux établissements comme un outil pour « dénicher des talents ». Les établissements pourront se servir du MOOC pour repérer les meilleurs élèves et les démarcher pour les inciter à s’inscrire chez eux. Les entreprises lançant des MOOCs, quant à elles, pourront s’en servir pour recruter des salariés parmi les étudiants les plus performants.
Néanmoins, comme l’analyse Antoine Compagnon, un universitaire français historien de la littérature, « l’éducation est l’un des rares domaines où le numérique n’a, jusqu’ici, pas entraîné de gains de productivité. Au contraire, la numérisation y entraîne une hausse des coûts. Les MOOC sont donc apparus au départ comme un moyen d’obtenir des économies d’échelle, mais cela n’a pas été le cas »[4].
Ainsi, les objectifs escomptés ne correspondent pas nécessairement aux objectifs atteints. On peut alors se demander si l’engouement pour les MOOCs se fait et se fera sur le long terme ou s’il s’agissait d’un “bide marketing”, c’est-à-dire d’un échec quant à la stratégie marketing initialement prévue pour le produit MOOC.
Les MOOCs : un outil de marketing efficace ? →
[1] IHEST (Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie), « Rapport d’étonnement de l’atelier : les cours en ligne ouverts et massifs », cycle national de formation 2013-2014, promotion Boris Vian, 17/07/2014, 74 pages. Disponible sur http://www.ihest.fr/IMG/pdf/20140717-rapport_etonnements_mooc.pdf (consulté le 6/05/2015).
[2]DOWEK Gilles, « Une brève histoire des MOOCs », Recherche en cours, 9 janvier 2015.
[3] GEORGES Benoit, « Le MOOC est-il vraiment l’avenir de l’université ? », dans http://www.lesechos.fr/, 01/09/2014. Disponible sur http://www.lesechos.fr/01/09/2014/lesechos.fr/0203738330132_le-mooc-est-il-vraiment-l-avenir-de-l-universite–.htm (consulté le 6/05/2015).
[4] GEORGES Benoit, « Le MOOC est-il vraiment l’avenir de l’université ? », dans http://www.lesechos.fr/, 01/09/2014. Disponible sur http://www.lesechos.fr/01/09/2014/lesechos.fr/0203738330132_le-mooc-est-il-vraiment-l-avenir-de-l-universite–.htm (consulté le 6/05/2015).