Ainsi donc, la « MOOC mania »[1] s’inscrit dans la continuité de l’évolution de l’enseignement à distance. En effet, l’enseignement à distance n’est pas toujours passé par l’interface numérique. Au début, il s’agissait d’envoyer des polycopiés aux élèves par exemple, puis ensuite des diffusions de cours par radio ont été mises en place (notamment “Radio Sorbonne” créé en 1948), mais également en version vidéos, via la télévision (à Houston University dès 1953) et plus tard en ligne. Mais le principe même de ce type d’enseignement est qu’il n’y a aucun échange entre l’émetteur et le récepteur. Ce système d’apprentissage n’a depuis cessé d’évoluer. Si l’évolution se mesure en termes de méthode, elle peut être observée quant aux territoires touchés par ces innovations techniques et technologiques.
En effet, à la même époque, à l’étranger, et notamment au Québec, on a pu assister à la création de la télé-université par le ministre Gilbert Paquette, en 1997. Par la suite, les MOOC ont progressivement quittés la terre sol américain pour changer pour aller se loger dans d’autres pays, dont la France, et conquérir de nouveaux publics, toujours plus nombreux et hétérogènes. Ainsi, en France, le e-learning naît notamment avec le Minitel, en 1977, lequel permet notamment l’inscription en ligne des étudiants. Puis le développement progressif, mais rapide, d’internet a permis le développement de nouveaux supports de cours, tels que le PDF et le doc par exemple, ou encore d’autres applications logicielles (la société Blackboard entre autre, dès 1999) ; contribuant à renforcer la mise en place de la formation en ligne, donc à distance. Mais, à ce stade, il nous faut préciser qu’il n’y a toujours aucune interaction, on ne peut parler que de diffusion. Néanmoins, avec l’évolution encore plus pertinente et massive de l’Internet, la possibilité d’établir une interaction entre les apprenants eux-mêmes, voire entre eux et leurs professeurs, voit le jour. En effet, on peut mentionner la création des forums et chats, sur la toile. A partir de là, on voit donc se développer des “universités ouvertes” (exemple de l’Open University au Royaume-Uni ou le CNED en France) ou encore de plateforme d’apprentissage virtuel telle que Moodle, en 2001. Mais déjà, à l’époque, de tels dispositifs étaient vus comme une menace pour les universités territoriales, question qui est d’ailleurs au centre de notre controverse. Les évolutions n’ont cessé de continuer (ENT, accès à des fichiers, distribution de CD, exercices en ligne), le paroxysme de ces dernières étant l’institution des MOOCs.
Le point de départ de ce déferlement peut être attribué au cours de Sebastian Thrun, sur l’intelligence artificielle, à Stanford, en 2011, suivi par 160 000 personnes de 190 pays. Dans la foulée, plusieurs plateformes d’apprentissage en ligne ont vu le jour la même année, notamment Udacity puis Coursera, ou encore EdX, dans le but « de transformer le temps passif de l’élève en classe en un temps actif »[2]. La France s’est manifestée un peu plus tard, en 2013, avec la création de la plateforme FUN (France Université Numérique ». Ce projet du gouvernement avait pour but d’inclure la technologie dans l’enseignement supérieur.
Dans le cadre de notre controverse, nous avons décidé de nous focaliser sur le cas français afin de pouvoir étudier plus précisément les dynamiques de ce phénomène, suffisamment complexe en lui-même. Néanmoins, de par ce bref retraçage historique, on comprend que les MOOCs ne marquent pas une rupture transcendante et immédiate mais marquent une étape supplémentaire de l’évolution de l’immersion du numérique au sein de l’enseignement supérieur. Désormais, l’apprenant n’est plus un simple receveur mais bien un acteur de son apprentissage, c’est une démarche volontaire.
En se référant aux frises chronologiques, on peut aborder l’enjeu relatif à la question de savoir s’il s’agit d’un phénomène marquant une rupture ou une continuité avec ce qui se faisait avant; ce qui vous amène alors à l’étude des MOOCs aujourd’hui.
[1]BRAFMAN Nathalie, « La ‘MOOC-mania’ gagne la France », sur http://www.lemonde.fr, 28/03/2014. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/28/le-cnam-grand-gagnant-des-moocs-francais_4391106_3224.html (consulté le 6/05/2015).
[2] Propos de Daphné Koller, fondatrice de la plateforme numérique