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Présentation des acteurs de la controverse

 Le personnel politique, premier concerné, au cœur du débat

 

Les hommes politiques, premiers concernés par le projet de loi, se sont largement exprimés sur la question du cumul des mandats. Parmi eux, on peut citer :

- des membres du gouvernement, soutenant le projet de loi (Manuel Valls 1, alors ministre de l’Intérieur)

- des membres du Parti Socialiste, soutenant, pour la plupart, l’interdiction du cumul (comme Harlem Désir 2, alors premier secrétaire)

- des personnes impliquées en politique et appartenant à d’autres courants. Leurs avis divergent sur l’interdiction du cumul des mandats (Jean-François Copé 3, François Bayrou 4, …)

Ces acteurs se sont exprimés de diverses façons. Tout d’abord, beaucoup ont choisi de s’exprimer sur leur site Internet et sur les réseaux sociaux. Certains, plus particulièrement des élus locaux et parlementaires, cumulant ou non des fonctions, ont été interviewés par les médias radiotélévisés et ont ainsi pris part aux débats organisés. Une grande partie des élus a également été interviewée dans la presse généraliste ou a été sollicitée pour écrire sur le sujet. Les parlementaires ont enfin pu défendre leurs positions lors des discussions au Sénat et à l’Assemblée Nationale et par leur vote.

 Le schéma ci-dessous, réalisé à partir d’une carte CorText, montre que la presse a placé les sénateurs au cœur du débat sur le cumul des mandats. CorText est un outil qui analyse les termes employés dans un corpus d’articles. Dans notre cas, il s’agit d’articles provenant de la base de données Europresse, qui est dédiée à la presse généraliste. CorText produit des regroupements des termes les plus utilisés selon la façon dont ils sont juxtaposés dans les articles. L’intersection entre deux disques représente des articles mêlant les deux thèmes et utilisant les termes situés à la frontière entre ces domaines qui sont, sur ces schémas, notés à côté des disques. Pour une analyse plus détaillée de la carte, cliquez ici.

Cartographie CorText basée sur un corpus Europresse

Les sénateurs se sont placés au centre du débat en refusant le projet de loi comme le montrent les résultats de la cartographie de la presse par le logiciel Cortex, dont voici un schéma.

 

Les médias alimentent le débat

 

La presse a joué un rôle non négligeable dans le débat comme en témoigne l’histogramme ci-dessous. Il représente le nombre d’articles de presse publiés par mois durant la période la plus intense du débat. On constate que la quantité d’articles augmente fortement à partir de juin 2012.

 

Données Cairn, requête "..."

De très nombreux articles ont été publiés entre mai 2012 et janvier 2014.

 

Les journalistes ont souvent choisi d’interviewer le personnel politique5  ou de dresser des compte-rendus des discussions des parlementaires. Certains ont parfois voulu exprimer leur opinion sur le sujet : ils ont alors, pour la plupart, fait un bref descriptif de la situation française du cumul des mandats, des maux ou des avantages que cela engendrerait. Nous avons constaté que leur propos s’appuyait souvent sur quelques arguments récurrents : taux de présence faible à l’Assemblée,  notabilisation, professionnalisation de la politique …. Nous avons remarqué qu’une grande majorité de ces articles se positionnait contre le cumul des mandats. De nombreux articles6 classant les parlementaires selon divers critères et proposant aux internautes de suivre leurs élus. De tels classements ont également été publiés sur les versions numériques des grands périodiques. Les émissions diffusées par les médias télévisés et radiotélévisés étaient plus rares mais elles ont présenté une plus grande neutralité sur le sujet, peut-être parce qu’il était simplement question de faire débattre le personnel politique.

 

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/non-cumul-des-mandats-le-palmares-des-cumulards_1280055.html

La presse est parfois très sévère avec les cumulards, ici L’Express.

 

Les universitaires, un peu en marge du débat

 

De nombreux ouvrages ou études portant sur la question du cumul ont été publiés par des universitaires (comme Luc Rouban 7 , Matthias Fekl 8, Laurent Bach 9 …) depuis la fin des années 1990. Les thèses qui y sont développées sont plus neutres, les arguments sont plus approfondis et remettent en question l’adéquation entre les mesures prises et le fonctionnement des institutions en place. Ceci semblait être, jusqu’en 2011, le moyen par lequel les universitaires avaient principalement recours pour intervenir dans le débat. Cela a changé avec l’intensification du débat en 2012 et 2013 : une lettre ouverte a été écrite au Président, les interventions filmées se sont multipliées et des articles et études ont été publiés dans la presse généraliste pour s’opposer au projet de loi (Pierre Avril) ou défendre l’interdiction du cumul (Guy Carcassonne). La cartographie des acteurs ci-dessous nous montre toutefois que, malgré cette participation plus active dans le débat, les universitaires ont peu de liens avec les autres groupes d’acteurs.

 

Outil Gephi

Cartographie du web : les universitaires se trouvent à l’écart du débat sur la toile.

 

Les Français, un des arguments du débat

 

De nombreux hommes politiques ont mis en avant le fait que les Français étaient majoritairement opposés au cumul des mandats. Cet argument a couramment servi à légitimer l’adoption du projet de loi. Les citoyens ont surtout participé au débat par le biais du web et des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, …), ou encore via des associations citoyennes. La plupart de ces prises de position étaient dirigées contre le cumul des mandats et, par conséquent, pour l’adoption du projet de loi. Certains ont également organisé quelques manifestations, de façon locale, contre un élu souhaitant cumuler deux fonctions par exemple. Les analyses des recherches des internautes via Google Trends montrent que ceux-ci s’intéressent aux élus cumulant au moins deux mandats, et majoritairement au taux de présence à l’Assemblée, informations qui sont largement dispensées dans la presse généraliste. Cependant, ils s’intéressent peu aux problèmes de représentation politique, de professionnalisation ou de notabilisation dont il est question dans les ouvrages de presse scientifique.

 

Sondage BVA, "Les Français et le cumul des mandats", 20 février 2013, p.7

La limitation du cumul des mandats rencontre un écho dans l’opinion publique

 

 

Suite : Être enraciné : Quel territoire pour l’élu ?

 

  1. Revault D’Allones, David, dans Le Monde, « Manuel Valls : « Chacun sait que l’adoption du non-cumul des mandats est inéluctable » « , 17 septembre 2013, Disponible en ligne)
  2. Bonnefous, Bastien, dans Le Monde, « Cumul des mandats : Harlem Désir et le PS persistent pour 2014″, 23 février 2013, Disponible en ligne
  3. Libération, « Cumul des mandats : Copé vient à la rescousse de Rebsamen », 29 août 2012, Disponible en ligne
  4. L’Express,  »Cumul des mandats: François Bayrou appelle François Hollande à organiser un référendum », 18 janvier 2013, Disponible en ligne
  5. Citons par exemple : Feltin-Palas Michel, « Cumul des mandats, confessions d’un élu repenti », L’Express, 11 septembre 2013, site web.
  6. Parmi les nombreux exemples, on peut citer le suivant : « L’activité des députés passée à la loupe », Ouest-France, Morbihan, 17 juin 2013.
  7. Rouban, Luc, « Le cumul des mandats et le travail parlementaire », Elections 2012, Les électorats politiques, note, n°9, CEVIPOF, 31 août 2012
  8. Fekl Matthias, « Non-cumul, modernisation et démocratie », Commentaire, 2013/1, Numéro 141, p.65-72, ISSN : 0751-4034
  9. Bach, Laurent, « Faut-il abolir le cumul des mandats ? » Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2012