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Être enraciné : Quel territoire pour l’élu ?

 

Des élus proches de leurs électeurs

 

Comme le travail de ces élus locaux peut être directement jugé par les électeurs, ceux-ci doivent veiller à être bien ancrés dans leur collectivité et à faire valoir le travail qu’ils fournissent. En effet, la principale sanction dont les électeurs disposent est de ne pas réélire la personne en question s’ils ne sont pas satisfaits de son travail. Les élus locaux doivent donc penser en permanence à cultiver le lien avec leurs électeurs, par devoir et par intérêt.

« Le mouvement des Jeunes Socialistes demande à ses adhérents de s’investir surtout au niveau local : distribution de tracts, participation aux meetings pour les municipales. »

Jeune Socialiste anonyme1

Pour cela l’élu dispose de divers moyens : il peut demander aux membres du parti auquel il est rattaché de militer pour lui. Ce rôle est souvent confié aux jeunes militants qui sont alors chargés d’aller faire du porte à porte, de distribuer des tracts, de se tenir présents aux différents évènements de la collectivité afin d’y promouvoir le travail de leur élu. Celui-ci les accompagne parfois comme on peut le voir sur les photographies ci-dessous, publiées par des élus eux-mêmes sur leur blog personnel pour montrer leur implication.  L’élu peut également participer à divers événements et manifestations ou en organiser lui-même à l’approche des périodes électorales. Enfin, pour rendre couramment compte de son travail, l’élu dispose souvent d’une newsletter et peut s’exprimer dans la presse locale, en y donnant des interviews.  Les photos présentées sur cette page, prises pendant la campagne des élections municipales de 2014, en sont l’illustration :

 

Gérald Darmanain, maire de Tourcoing depuis 2014, député du Nord depuis 2012

Gérald Darmanain, maire de Tourcoing depuis 2014, député du Nord depuis 2012

Stéphane Ravier, maire du VIIème secteur de Marseille

Stéphane Ravier, maire du VIIème secteur de Marseille

La position du parlementaire, quant à elle, est plus complexe. En effet, il est le représentant de la Nation ; de manière plus spécifique, les députés sont les représentants du peuple tandis que les sénateurs sont les représentants des collectivités territoriales. En tant que tels, ils doivent se prononcer au nom des intérêts de la Nation. Toutefois, le député est l’élu d’une circonscription à laquelle il doit montrer qu’il est le mieux placé pour prendre des décisions législatives pour la France, comme son statut institutionnel le spécifie, mais également pour défendre les intérêts de ses électeurs propres.

 

Didier Paillard, maire de Saint-Denis

Didier Paillard, maire de Saint-Denis depuis 2004

L’élu, ou le candidat briguant un siège à l’Assemblée, doit donc lui aussi être bien ancré dans sa circonscription, avoir la confiance et la préférence des électeurs tout en sachant qu’il dispose de moins de temps pour la gagner, dans la mesure où il passe une partie non négligeable de son temps au Palais Bourbon.

 

Noël Mamère, maire de Bègles depuis 1989 et député de la Gironde depuis 1997

Noël Mamère, maire de Bègles depuis 1989 et député de la Gironde depuis 1997

Le candidat aura indéniablement plus de facilité à être élu ou réélu s’il est déjà connu dans sa circonscription, en tant que maire par exemple, si l’on veut s’intéresser au cas de cumul le plus répandu. Disposer d’une casquette d’élu local est ainsi une aide considérable pour un candidat, qui peut prendre en exemple ce qu’il a fait pour chacun de ses mandats. Il possède également une certaine notoriété, ainsi que des soutiens dans sa collectivité. Il a ainsi bien plus d’influence qu’un nouveau venu et certains affirment de ce fait que le cumul favorise une certaine notabilisation de la politique locale.

 

De plus en plus d'ouvrages portent sur la notabilisation de la politique locale, conséquence, entre autres, du cumul des mandats. Source NGramViewer, requête "notabilisation"

De plus en plus d’ouvrages portent sur la notabilisation de la politique locale, conséquence, entre autres, du cumul des mandats.

 

Gérard Collomb, maire de Lyon depuis 2001, sénateur du Rhône depuis 1999

Gérard Collomb, maire de Lyon depuis 2001, sénateur du Rhône depuis 1999

De même, il est tentant pour un maire de briguer un siège au Parlement car sa notoriété et son influence seront plus importantes : il pourra par conséquent mieux défendre les intérêts de sa commune (même si cela peut entrer en conflit d’intérêts avec son rôle de député). Il pourra également être plus facilement en relation avec des hommes politiques ayant des fonctions importantes (comme des ministres) et ainsi accélérer la prise de décision ou la signature d’accords au niveau national dont il aurait besoin pour prendre des mesures au niveau local, comme le souligne Michel Feltin-Palas2.

 

L’équipe de Marielle de Sarnez, responsable du MoDem, pour les municipales (finalement pas candidate)

L’équipe de Marielle de Sarnez, responsable du MoDem, pour les municipales (finalement pas candidate)

 

« En effet, dès lors que le parlementaire est qualifié de représentant du peuple, le cumul des mandats doit être considéré sous l’angle du principe d’égalité des citoyens. Or, par le biais du cumul des mandats, certains citoyens sont mieux représentés que d’autres.»

Pierre-Olivier Caille 3

On comprend alors pourquoi, malgré les nombreuses responsabilités qui lui sont confiées, un élu local peut être tenté d’accéder à un siège de député, mais aussi pour quelles raisons un député, de par l’ambiguïté portant sur son rôle et son mode d’élection, peut chercher à devenir un élu local, en dépit des risques de conflit d’intérêts. Toutefois, cette conciliation est dénoncée par les opposants au cumul, qui décrivent ces fonctions comme étant, au contraire, incompatibles.

 

Suite : Parlementaire et élu local, deux fonctions réputées incompatibles

 

  1. Interview de la Jeune Socialiste
  2. Feltin-Palas, Michel, « Cumul des mandats, confessions d’un élu repenti », L’Express, 11 septembre 2013
  3. Caille, Pierre-Olivier, « Le cumul des mandats, contribution à l’étude du statut des parlementaires », Mémoire de recherche sous la direction de Gérard Marcou, 1998. Disponible ici