Paris peut-il couler ?

Paris peut-il couler ?

La mise en place d'un cinquième ouvrage pour protéger Paris

La protection contre les crues : un objectif renégocié ?

3 avril 2014 | Commentaires fermés

La protection contre les crues: un objectif renégocié ?

L’objectif majeur du projet d’aménagement de la Bassée réside en la protection des communes en aval, et notamment de l’agglomération parisienne, contre le risque d’inondation. Cependant, l’EPTB Seine Grands Lacs inclut d’autres composantes économiques et environnementales au projet. En particulier, la restauration de zone humide de la Bassée, autrefois naturellement inondable, est un des aspects majeurs du projet mis en avant par le maître d’ouvrage. En outre, ces mesures écologiques permettraient le développement d’une activité de tourisme vert dans la région. Cependant, ce tourisme vert constitue-t-il une véritable compensation économique des éventuels dommages causés dans la région ? De nombreuses questions émergent alors des discussions sur les performances attendues de l’ouvrage, dans la pluralité de ses composantes.

La protection contre les crues: un objectif renégocié? Cartographie des acteurs

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Elément véritablement structurant du débat public, la question de l’opportunité du projet d’aménagement de la Bassée a fait l’objet de nombreux échanges, sans toutefois trouver de réponse satisfaisante.

« La question de l’opportunité du projet n’a pas été tranchée. Le débat public n’a pas permis de dégager un consensus net ou une opposition franche. » (cf. LEGRAND, Patrick (directeur de publication). Crue Seine-Bassée, Débat public, Projet d’aménagement de la Bassée, Compte-rendu du débat [en ligne]. Commission Nationale du Débat Public, Paris. 30/03/2012. Disponible sur : http://www.debatpublic-crueseinebassee.org/DOCS/CR_ET_BILAN/COMPTE_RENDU_23032012_WEB.PDF (Consulté le 28/12/2013).)

En effet, la protection de la région Île-de-France contre le risque d’inondation est présentée comme la vocation première de l’ouvrage envisagé. C’est d’ailleurs comme tel que le comprennent les différents acteurs territoriaux, qui regrettent que cette dimension prenne le pas sur des préoccupations écologiques.

« Le véritable objectif c’est effectivement de réduire les inondations sur Paris. Point. » (cf. Entretien à l’AGRENABA)

De nombreuses interrogations sont toutefois exprimées quant à la capacité de casiers-réservoirs en Bassée à protéger efficacement Paris et son agglomération contre le risque d’inondation. En effet, si la communauté scientifique est à peu près unanime quant à la nécessité de renforcer l’infrastructure fluviale existante, comment garantir que le projet proposé par l’EPTB Seine Grands Lacs répond à ce besoin ?

L’opportunité de l’ouvrage tel qu’il a été soumis à débat public fin 2011 est ainsi très contestée et extrêmement difficile à évaluer a priori. A titre d’exemple, l’ensemble des dix casiers-réservoirs permettrait selon les sources une diminution du niveau de la Seine allant de 20 à 50 cm dans l’événement d’une crue majeure.

« Avec  des  casiers  en  Seine-et-Marne, assure  Seine  Grands  Lacs,  les dommages  pour  une  catastrophe équivalente [à 1910]  seraient   réduits   de  30%, grâce à une baisse du niveau du fleuve de  20  à   50  centimètres. » (cf. AFP. Un demi-milliard d’euros pour contenir les crues de la Seine. 10/04/2012.)

Cette marge semble alors assez importante, l’impact de l’ouvrage sur le niveau de la Seine variant du simple au double. On comprend que ces estimations dépendent de nombreux paramètres tels que le type de crue, les origines d’une montée des eaux influant fortement sur les capacités des différents ouvrages à remplir leur rôle.

Une seconde critique adressée au maître d’ouvrage par différents acteurs territoriaux, en admettant que soit connue sa réelle efficacité, est celle d’un impact sur les crues dérisoire par rapport au coût initial de l’ouvrage de 500 millions d’euros. L’opportunité du projet était ainsi jugée d’autant plus sévèrement que celui-ci représentait un coût exorbitant.

« “Ce projet pourrait faire baisser de 20 à 25 cm le niveau de la Seine. Ce n’est pas négligeable mais est-ce que cela mérite de débourser  une  telle  somme?”,  Jacques  Perreux,  conseiller général du Val-de-Marne » (cf. AFP. Crue de la Seine : des élus EELV s’interrogent sur un projet d’ouvrage à 500 M EUR. 01/02/2012.)

Malgré les incertitudes scientifiques avérées, la pertinence du projet est partiellement étayée par un retour d’expérience venant d’autres pays où l’efficacité des casiers-réservoirs a bien été prouvée. Ainsi, de par un groupe de partage européen, il est possible de juger de l’efficacité de tels casiers-réservoirs.

« On se base sur un retour d’expérience oui. Dans ce cadre-là on fait partie d’un projet-programme européen qui s’appelle Alpha avec lequel on a des partenaires hollandais, anglais, allemands et belges. C’est souvent des problématiques assez similaires, c’est-à-dire que c’est aussi des zones de rétention des crues qui sont souvent temporaires et sur lequel y a des activités.[…]
Là où ça n’existe pas vraiment c’est que tous ces espaces on les remplit par pompage en fait, là où la majorité des espace est remplie gravitairement. Par vannes tout simplement. » ( cf. Entretien avec Amélie ASTRUC).

En outre, il s’avère que si la question de l’opportunité d’un tel ouvrage rencontre généralement de vives réactions, c’est que l’efficacité de celui-ci ne peut être évaluée qu’en négatif, c’est à dire en termes de dommages évités et non en termes de véritable valeur ajoutée.

«En outre, aucun témoignage ne permet d’illustrer l’importance de l’action de l’EPTB Seine Grands Lacs pour ses bénéficiaires, et pour cause : les retombées des ouvrages gérés par l’EPTB Seine Grands Lacs sont pour l’essentiel des coûts évités et donc des retombées indirectes, difficiles à quantifier et a fortiori à attribuer à tel ou tel aménagement.» (LEGRAND, Patrick (directeur de publication). Crue Seine-Bassée, Débat public, Projet d’aménagement de la Bassée, Compte-rendu du débat [en ligne]. Commission Nationale du Débat Public, Paris. 30/03/2012. Disponible sur : http://www.debatpublic-crueseinebassee.org/DOCS/CR_ET_BILAN/COMPTE_RENDU_23032012_WEB.PDF (Consulté le 28/12/2013). – cf Bilan Bibliographique)

Ainsi, suite au débat public, il a été considéré nécessaire de réduire l’envergure du projet en ne mettant en place pour le moment qu’un seul des dix casiers-réservoirs initialement prévus. Ce casier-pilote devrait permettre de tester l’efficacité de la solution  technique afin d’étudier la faisabilité du projet pour un coût moindre, de l’ordre de 100 millions d’euros.

« Au final, comme il y avait pas mal de cahiers d’acteurs qui étaient très partagés, ils n’ont pas eu les financements pour faire l’ouvrage en entier et ne peuvent faire qu’un ouvrage pilote qui est surveillé de tout le monde parce qu’ils sont un peu attendus au tournant. » (cf. Entretien avec Christophe PARISOT)
 

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Si la raison de la revue à la baisse du projet est essentiellement économique, les acteurs scientifiques sont nombreux à y voir l’occasion d’éprouver l’opportunité du projet. Ainsi, celui-ci  s’inscrirait plutôt dans un cadre d’expérimentation que dans un cadre de véritable protection contre le risque d’inondation.

« L’idée du casier-pilote vient de toutes les raisons que vous venez d’exposer. Il y a un doute de certains gestionnaires et de certains politiques sur la faisabilité du projet. Faire un casier-pilote fournit une expérience à échelle réduite. On peut tester la faisabilité technique mais il est évident qu’il n’y a pas le financement pour ce projet. L’idée c’est de savoir ce que l’on peut faire avec un budget raisonnable. Il y a un risque non nul de dérapage financier puisque le projet est nouveau. Le budget initial peut être dépassé. C’est peut-être cela aussi que les gens n’osent pas dire : ils ne croient pas au projet et préfèrent payer peu pour voir si cela peut se montrer concluant. » (cf. Entretien avec Michel POULIN)

Pour Christophe PARISOT, le casier-pilote est effectivement le meilleur moyen de tester en conditions cette technologie et d’en mesurer l’impact réel, aussi bien sur les crues que sur l’environnement, mais ce à condition de s’en donner les moyens.

« Ce n’est pas un petit casier. Ils n’ont pas choisi le casier qu’ils allaient garder mais ils ont des tailles critiques qui nous ont été présentées, et cela représente 1/5 du projet. Ce n’est pas une paille et puis ce sont des aménagements qui une fois présents, sont définitifs. Après, aussi tout dépend des moyens qu’ils vont se donner pour faire des véritables études scientifiques. Ils parlent de tester la technique, pour voir si le système marche. » (cf. Entretien avec Christophe PARISOT).

Toutefois, au-delà de la dimension expérimentale du projet, certains acteurs lui reconnaissent une véritable efficacité en termes de protection de la région Île-de France contre le risque d’inondation. En effet, si Amélie ASTRUC concède que  le projet actuel  de casier-pilote n’aura à lui seul pas un impact suffisant sur la réduction du niveau d’une crue, elle insiste sur le fait que l’aménagement du territoire est un processus de long terme et qu’il est nécessaire dans ce cadre de procéder par étapes, si petites puissent-elles sembler.

« Ce casier pilote est-il capable à lui seul de réduire l’impact des crues de manière significative ?
Non, non ça c’est sûr, mais il apportera quand même sa pierre à l’édifice. Mais les barrages se sont construits sur du très long terme aussi. Les premiers barrages datent des années 30, donc voilà ça va faire presque 90 ans parce que ça a dû commencer à être réfléchi dans les années 20. Donc si vous voulez ça fait 90 ans qu’on équipe le bassin de la Seine, tout ça se fait vraiment sur le long terme. Donc on construit à chaque fois un ouvrage en plus, un ouvrage en plus. Le projet global avait effectivement un impact significatif qui permettait de réduire les niveaux d’eau de 25 à 35cm. Tandis que là on est plus sur du 5cm, 5 à 10cm mais c’est toujours ça de pris. » (cf. Entretien avec Amélie ASTRUC)

Ainsi donc, nombreux sont les acteurs territoriaux à comprendre que le casier-pilote doit être renforcé par d’autres aménagements semblables une fois la phase expérimentale achevée.

« […] ils gardent bien dans la tête que ce ne sera pas le dernier, quoi. C’est vraiment un casier-pilote mais par la suite ça va… Je pense que c’est comme ça qu’ils le voient. »(cf. Entretien avec l’AGRENABA)
«Cela me donne le sentiment de vouloir vider une piscine avec une paille.» (cf. Commission particulière du débat public Crue Seine Bassée. Verbatim de la réunion générale du 7 février 2012 à Melun [en ligne]. 07/02/2012. Disponible sur : www.debatpublic-crueseinebassee.org/DOCS/VERBATIMS_SYNTHESES/LABASSEE070212_MELUN.PDF (Consulté le 24/04/2014).)

D’autant que le projet, comme élément d’une politique d’aménagement globale du territoire, est par ailleurs inscrit dans des démarches de protection de très long terme, au même titre que les autres ouvrages déjà mis en place par l’EPTB Seine Grands Lacs. C’est notamment là le sens de l’intégration de ce projet à un Programme d’Action de Prévention contre le Risque d’Inondation (PAPI). Celui-ci comporte en effet d’autres mesures, tant structurelles que non structurelles dont voici quelques exemples :

« Il y a de la pose de repère de crue, pour que les gens visualisent plus précisément ce que c’est qu’une inondation, jusqu’où ça peut aller. Il y a des actions de communication en utilisant les technologies modernes, donc développement d’applications smartphones, la réalisation de visuels en réalité augmentée, donc là où les gens peuvent voir en 3D ce que c’est qu’une montée des eaux dans leur quartier. Il y a la modernisation de nos outils de modélisation, modélisation hydraulique et économique. Il y a l’amélioration de nos connaissances des crues historiques. Tout ça, c’est vraiment sur l’information et la sensibilisation du public. Il y a aussi des actions d’appui aux collectivités territoriales, notamment d’appui aux mairies pour construire les plans communaux de sauvegarde, d’appui aux opérateurs de réseau. » (cf. Entretien avec Amélie ASTRUC)

Pourtant, ces arguments ne suffisent pas à convaincre tous les acteurs, notamment les plus proches du territoire de la Bassée. A titre d’exemple, l’AGRENABA ne souhaite évidemment pas voir les zones naturelles protégées de la Bassée servir de terrain d’expérimentation. En outre, la revue à la baisse du projet décrédibilise à ses yeux l’opportunité du projet.

« […] si ils en avaient prévu dix c’est que les dix avaient une raison d’exister et une efficacité. Si ils en font qu’un euh… Voilà, du coup pourquoi en faire un, si il va servir à rien ? Autant rien faire… » (cf. Entretien à l’AGRENABA)

Malgré ces doutes exprimés quant à la réelle opportunité du projet, l’EPTB Seine Grands Lacs continue à défendre la pertinence du projet et son utilité dans la protection contre le risque d’inondation malgré la revue à la baisse de ses ambitions initiales. La question devient alors de savoir si cette dimension demeure la vocation première de l’ouvrage. En effet, la décision de réaliser un casier-pilote n’est qu’une des multiples modifications apportées au projet depuis son origine.

 

 »Développement

Au cours du débat public, l’EPTB Seine Grands Lacs a pris conscience d’attentes de la population et des différents acteurs locaux quant au projet mis sur la table. Cela leur a ainsi permis de faire évoluer le projet dans le sens de certaines des propositions qui leur ont été faites à cette occasion. Ainsi donc, le projet s’est notamment considérablement enrichi sur le plan environnemental, jusqu’à faire par moments oublier sa vocation première d’écrêtage des crues.

En effet, l’EPTB Seine Grands Lacs vante désormais la construction d’une nouvelle économie de la région fondée sur un tourisme vert autour de l’ouvrage. Argument séduisant tant pour les associations naturalistes de la région que pour la population.

« C’est intéressant effectivement de développer du tourisme vert dans le coin. Pour nous aussi, c’est une de nos missions, même au sein de la réserve, de faire découvrir le patrimoine naturel aux gens, que ce soient les locaux ou les gens qui viennent ici en vacances… » (cf. Entretien à l’AGRENABA)

Par la restauration de la zone inondable de la Bassée, objectif écologique initial du projet (cf. Une vocation environnementale incertaine), et le développement de zone propre au tourisme grâce à l’aménagement des digues en chemins, l’EPTB Seine Grands Lacs compte transformer la zone en véritable hub touristique.

« Les digues peuvent toutefois offrir des points de vue surplombants qui pourraient s’avérer intéressants, notamment pour les pratiques de loisir (promenade) et le tourisme. » (cf. Commission particulière du débat public Crue Seine Bassée. Verbatim de la réunion générale du 7 février 2012 à Melun [en ligne]. 07/02/2012. Disponible sur : www.debatpublic-crueseinebassee.org/DOCS/VERBATIMS_SYNTHESES/LABASSEE070212_MELUN.PDF (Consulté le 24/04/2014).)

Le maître d’ouvrage cite en exemple d’autres barrages-réservoirs, comme celui de Pannecière, qui ont permis un véritable développement économique dans leur région d’implantation, lesquelles ont pu bénéficier d’un renouveau économique grâce au tourisme vert et aux activités nautiques.

« Sur l’aspect écologique, ils vendaient l’image des grands lacs en disant : « Regardez, il y a plein d’oiseaux » car là-bas, certes il y a eu des destructions écologiques importantes mais aujourd’hui il y a quelque chose qui est impressionnant et qui permet au tourisme local, en été de vivre grâce aux loisirs et, à la morte saison, grâce aux amateurs de nature qui viennent tous réserver des gîtes. On a un système qui, au final, est relativement bien perçu. » (cf. Entretien avec Christophe PARISOT)

Pour eux, les casiers-réservoirs sont une véritable opportunité pour permettre à la région de développer une économie plus durable et de connaître un nouvel essor. Cependant, si le maître d’ouvrage met en avant un tourisme vert fondé sur l’observation d’espèces variées, il assure bien qu’il ne sera pas possible de développer des activités nautiques sur la zone, ayant conscience que les casiers ne seront pas toujours remplis.

«  Le  maître  d’ouvrage  a  également  dû modifier  son  approche pédagogique  sur  le  projet  lui-même. En effet, celui-ci  s’est  révélé relativement  complexe, parfois  difficile  à  comprendre  pour  certains participants.  Par  exemple, une  personne  a  proposé  la  construction d’espaces de loisirs aquatiques sur les espaces endigués alors que ceux-ci ne seront mis en eau que temporairement. » (cf. LEGRAND, Patrick (directeur de publication). Crue Seine-Bassée, Débat public, Projet d’aménagement de la Bassée, Compte-rendu du débat [en ligne]. Commission Nationale du Débat Public, Paris. 30/03/2012. Disponible sur : http://www.debatpublic-crueseinebassee.org/DOCS/CR_ET_BILAN/COMPTE_RENDU_23032012_WEB.PDF (Consulté le 28/12/2013). )

Le projet n’étant pas celui d’un barrage mais d’un casier accueillant épisodiquement l’eau des cours d’eau, les zones inondables seront, la plupart du temps, vides et recouvertes de boues. De ce point de vue, certains acteurs pensent même que l’argument d’un tourisme vert n’est pas fondé, dans la mesure où la nature de l’ouvrage ne semble pas s’y prêter.

« Mais là, ce n’est pas le cas car les ouvrages seront vides la plupart du temps. On va vendre des talus, et je ne suis pas certain que les digues, ce soit génial pour la circulation. » (cf. Entretien avec Christophe PARISOT)

De plus, on peut déplorer l’absence d’étude économique justifiant un tel argument ainsi que de mesures d’accompagnement des populations dans cette transition économique. Celle-ci pourrait-elle par exemple amener l’activité des carriers, un des gros usages locaux, à disparaître de la région au profit de l’industrie touristique ? La question posée est alors celle de la pertinence de mesures n’ayant pas été initialement prévues par le maître d’ouvrage et ayant été décidées au cours du débat public.

« Comment aujourd’hui on fait accepter à une population qu’on va remettre des crues puisque ce sont des communes rurales et comment on les aide à se développer, à développer l’éco-tourisme sur la Bassée ? Comment on les accompagne fortement, en compensation de ce préjudice qu’ils vont subir. Encore une fois, c’est un préjudice qui a toujours existé. C’est une zone inondable et c’est pour ça que les hommes s’y sont implantés mais là, on est dans une autre civilisation et un changement sociétal. Et comment on fait en sorte que le système fonctionne le plus tout seul possible ? » […]
« Je pense qu’il y avait même une solution de réel aménagement du territoire qui faisait qu’on ne sacrifiait pas la zone mais qu’au contraire, on la valorisait et on lui permettait de se développer. » (cf. Entretien avec Christophe PARISOT).

Par ailleurs, la tâche de protection des écosystèmes de la Bassée qui incombe à l’AGRENABA la mène à mettre en garde contre certaines dérives d’un tourisme trop intensif.

« Après nous on a aussi un petit peu de méfiance là-dessus parce que comme on a une réserve naturelle protégée, on fait attention aussi à la sur-fréquentation. Voilà, on est pour un développement touristique mais pour ce qui est de la réserve en tout cas on veut que ce soit maîtrisé. »
 
« Tourisme vert mais il faut voir quel type d’activité aussi. Il faut que ce soit compatible avec la réglementation et puis les différents périmètres réglementaires quoi, même en ce qui concerne Natura 2000. » (cf. Entretien à l’AGRENABA)
 

Ainsi donc, si l’objectif premier du projet d’aménagement de la Bassée reste la protection des crues, son efficacité est fortement remise en cause, notamment depuis la décision prise suite au débat public de ne plus construire dix, mais un casier-réservoir. Cependant, le débat public a aussi permis l’émergence de nouvelles dimensions au projet, connexes à la vocation écologique envisagée par l’EPTB Seine Grands Lacs. Le développement d’un tourisme vert permettant de pallier l’impact économique néfaste de l’ouvrage sur la région est alors devenu une des préoccupations majeures du maître d’ouvrage, bien que son effet soit remis en cause par un grand nombre d’acteurs locaux. La coordination de ces emplois avec l’aménagement du territoire conduit alors à certains conflits où peu d’acteurs peuvent prétendre être décisionnaires. Il est donc à la charge de l’EPTB Seine Grands Lacs de prendre suffisamment en compte les remarques qui lui sont faites et d’adapter le projet en conséquence.  Attention toutefois à ne pas tomber dans le piège d’un projet rapiécé et incohérent à force de tenter de contenter tous les contestataires « à l’emporte-pièce » (Christophe PARISOT).