Des résultats mitigés

Les détracteurs muselés par les lobbies

Dans son livre Un Fléau si Rentable, la primatologue E. Grundmann* tente de démêler les nœuds qui entourent la filière de l’huile de palme [1]. Elle montre l’importance des lobbies, qui sous couvert d’associations apparemment neutres, comme le World Growth Institute, se mettent au service d’organismes qui le sont beaucoup moins, en l’occurrence le MPOB*. Elle rapporte ensuite le cas de l’entreprise Socapalm au Cameroun et d’un de ses actionnaires majoritaires, Vincent Bolloré, qui « multiplie depuis plusieurs années les dépôts de plainte » pour diffamation. L’exemple qu’elle prend est celui d’un journaliste qui avait réalisé un reportage dans une plantation et faisait état de conditions de travail alarmantes.
Toujours dans le même livre, elle mentionne la chercheuse en anthropologie Y. Kato, qui souhaitait travailler sur le peuple Penan* en Malaisie, et qui en a été dissuadée par un professeur malais. « Il lui serait apparemment impossible d’obtenir un permis de recherche », car « le gouvernement malais […] fait […] extrêmement attention à tout ce qui se publie sur ces questions ».
Les Amis de la Terre* avancent également le fait que des activistes et des protestataires ont été muselés par les autorités, mais de façon bien plus grave. L’ONG dresse alors la liste de personnes arrêtées, torturées ou même tuées dans le contexte de conflits sociaux autour du palmier à huile [2].

En savoir plus sur les exactions commises contre les locaux.

 

Un exemple de coopération fructueuse

Dans le cas de Wilmar, la promesse de ne plus déboiser a découlé d’un long processus de pourparlers relaté dans l’article World’s biggest palm oil company makes zero deforestation commitment [3] : « Wilmar’s policy [...] comes after months of discussions between The Forest Trust (TFT), an NGO that helps companies clean up their supply chains; Unilever, the world’s largest corporate consumer of palm oil; and Climate Advisers, a consultancy focused on climate change. The policy also follows years of campaigns by activists and human rights groups » (La décision de Wilmar arrive après des mois de discussions entre The Forest Trust (TFT), une ONG qui aide les compagnies à  »nettoyer » leurs chaînes d’approvisionnement, Unilever, la plus grosse industrie consommatrice d’huile de palme, et Climate Advisers, un cabinet de consultants qui cible le changement climatique. La décision suit, en outre, des années de campagnes orchestrées par des activistes et des groupes à vocation humanitaire) [3].

 

En savoir plus sur les initiatives prises par les ONG et sur le point de vue des chercheurs sur la coopération.

 

 

*Emmanuelle Grundmann : Biologiste, primatologue et naturaliste. Ce sont ses travaux sur l’orang-outan, en Indonésie, qui l’ont d’abord conduite à s’intéresser à la question du palmier à huile.

*MPOB – Malaysian Palm Oil Board : Organisme rattaché au gouvernement de Malaisie, qui œuvre à la promotion et au développement de l’industrie nationale de l’huile de palme notamment par des programmes de recherche ou la recherche de marchés.

Penan : peuple de chasseurs-cueilleurs vivant dans les forêts malaisiennes de l’île de Bornéo.

*Les Amis de la Terre – Friends of the Earth : ONG environnementaliste cherchant à réparer les dégâts causés par l’homme sur la nature et promouvant en particulier la participation de la société civile dans la prise de décision autour de la gestion des ressources naturelles.

 

 

[1] GRUNDMANN E., Un fléau si rentable – Vérités et mensonges sur l’huile de palme (2013)

[2] WAKKER E. (Les Amis de la Terre) – Greasy Palms : The social and economical aspect of large scale oil palm plantation (2005)

[3] BUTTLER R. A., World’s biggest company makes zero deforestation commitment (2013)