Les nutritionnistes sont plutôt contre la régulation du marché de l’huile de palme que ce soit par l’étiquetage ou la taxation.
La taxation leur semble illogique, injuste et inapplicable : illogique car il n’existe pas de critère objectif dans sa mise en place comme par exemple la teneur en certaines espèces chimiques (ici les acides gras saturés). La taxe Nutella ne s’appliquait pas au beurre, pourtant très riche en acide gras saturés. Injuste, car elle représente une barrière douanière, ce qui peut nuire aux économies des pays producteurs, la Malaisie la qualifiait d’ailleurs de « taxe coloniale ». Inapplicable car les lobbys industriels sont trop forts : une tentative de législation sur le Nutella a provoqué une réaction politique de la Ligue du Nord en Italie, qui a créé un comité de défense du produit.
L’étiquetage, pour les nutritionnistes, envoie également un mauvais message. Un produit qui se revendique sans huile de palme va aggraver l’image de poison qu’à cette matière grasse car le consommateur est mal informé. De la même façon, un produit qui contient de l’huile de palme va être injustement boudé, conduisant à un changement de formulation du produit parfois peu recommandable. [Voir : Entretien LECERF J.M].
Le Dr Jean Michel Lecerf, dans le cadre d’un entretien, propose alors l’éducation du consommateur qui, pour lui, ne doit pas accuser les industriels de faire des produits malsains. En tant que nutritionniste, au-dessus de la controverse, il affirme alors « je ne défends pas l’huile de palme mais la vérité ». Il pense en effet que restreindre légalement notre consommation d’huile de palme n’est pas justifié : ce n’est pas un produit dangereux que l’on pourrait mettre sur le même plan que le tabac ou l’alcool. Pour lui, les autorités sanitaires feraient mieux d’améliorer l’information des consommateurs. Les nutritionnistes avouent donc qu’une régulation sur le plan environnemental est nécessaire, mais qu’il ne faut pas faire passer la controverse pour une affaire de santé publique. Le Dr Lecerf promeut par exemple le travail de la RSPO.