Le palmier en perspective

Comparaison avec d’autres pays

Des chercheurs malaisiens se sont penchés sur la question de la part relative des terres agricoles entre la Malaisie et le Royaume-Uni, dont proviennent en partie les critiques à propos de la déforestation. Ils montrent que si la surface consacrée à l’agriculture en Malaisie n’est que de 19%, tandis que la surface boisée est de 64%. Le Royaume-Uni, au contraire, n’a plus à sa disposition qu’une surface boisée de 12%, et les zones agricoles occupent près de 70% du pays (chiffres de 2007). « If palm oil industries, particularly from Malaysia are accused of forest destruction, then the same accusation should be hurled at the agricultural activities in the UK » (Si les industries du palmier à huile, en particulier en Malaisie, sont accusée de la déforestation, alors la même accusation devrait être adressée aux activités agricoles au Royaume-Uni), conclut les auteurs de l’étude [1].
Un article daté du 18/03/14, rédigé par le président du MPOC*, Y. Basiron, présente par ailleurs un graphique élargissant cette étude à d’autres pays du monde :

Utilisation des sols - MPOC

Utilisation des sols – MPOC

L’auteur reproche aux ONG de se désintéresser du cas des pays industrialisés, qui ne sont pourtant pas aussi  »verts » que la Malaisie : « the NGOs should focus on the developed countries which have over deforested and over developed their land for agricultural use. Even if it is argued that those land areas were deforested by their un-educated fore-fathers, reforestation can be carried out and achieved within a couple of decades. » (Les ONG devraient se concentrer sur les pays développés qui ont trop déboisé et surexploité leurs terres à des fins agricoles. Même s’il est avancé que ces zones ont été déboisées par leurs ancêtres non-éduqués [aux questions environnementales], le reboisement peut être mis en place et achevé sur une vingtaine d’années) [2].

 

Comparaison avec d’autres plantes

L’un des arguments couramment avancés en faveur de l’huile de palme est que ses hauts rendements permettent de réduire les surfaces agricoles nécessaires à sa culture par rapport à d’autres huiles végétales pour un tonnage d’huile équivalent. Ainsi, dans l’article Les vertus retrouvées de l’huile de palme, publié sur le site de L’Expansion (journal affilié à L’Express), on peut lire : « pour produire autant d’huile que ce que donne 1 hectare de palmiers, il faut 6 hectares de colza, 8 hectares de tournesol ou 10 hectares de soja ». C. Niesen, propriétaire de la compagnie United Plantation, relativise également le rôle joué par le palmier à huile dans la déforestation : « Bien sûr la culture d’huile de palme a contribué à déboiser. Mais, dix fois moins que le soja et le tournesol. » [3].
Toutefois, à lire La palme des controverses des agronomes A. Rival* et P. Levang*, l’argument est « fallacieux », car « le soja pas plus que le palmier ne réclame la déforestation ». Il s’agit de ne pas confondre la plante avec la manière dont elle est cultivée [4].

 

 

*MPOC – Malaysian Palm Oil Council : L’objectif de cette entreprise est d’améliorer l’image de l’huile de palme, en particulier malaisienne, en faisant la publicité de ses qualités.

*Alain Rival : Agronome, correspondant pour la filière « Palmier à huile » au sein du CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement).

*Patrice Levang : Agronome et économiste, directeur de recherche à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement).

 

 

[1] TAN, K.T. et al., Addressing issues and towards sustainable development (2009)

[2] BASIRON Y., No Deforestation – An ethically irresponsible and flawed demand by NGOs (2014)

[3] BARROUX R. (Le Monde), Comment la Malaisie vante son huile de palme (2013)

[4] RIVAL A. et LEVANG P., La Palme des Controverses – Palmier à huile et enjeux de développement (2013)