Impliquer les populations locales

Le point-clef selon les ONG est la participation des populations locales aux discussions concernant le possible établissement d’une plantation. Il faut répondre à leurs questions et les alerter sur les conséquences de la plantation. Dans un article publié dans La Gazette de Bali, le biologiste Stéphane Brent, porte-parole de l’ONG Orangutan Fundation International*, rapporte ainsi le cas d’un village où l’apport d’informations a renversé la balance [1] : « Nous avons dernièrement conseillé un village où une plantation de palmes était prévue. Ils étaient séduits par l’appât du gain. On leur a expliqué les conséquences à moyen terme sur l’environnement et sur les eaux de la rivière. Ils ont renoncé. ». La journaliste qui réalisait l’interview conclut alors que l’éducation des populations est une priorité au même titre que le développement économique des zones rurales.

 

Entretenir le dialogue avec les populations autochtones, la firme Herakles Farms le revendique. Elle a ainsi réalisé des débats sous forme de questions-réponses lorsqu’il a été question pour elle de s’implanter au Cameroun. L’une des interrogations portait sur la façon dont seraient délimitées les zones de plantations, ce à quoi l’entreprise a répondu [2] : « The company is now working directly with the communities that have traditional ownership rights over the land within the concession to come to a mutual understanding and agreement on where it is appropriate for the company to plant. In each community, these discussions entail participatory mapping by diverse community representatives of village land-use » (En ce moment, la compagnie travaille directement avec les communautés qui ont les droits coutumiers de propriété sur les terres faisant partie de la concession, afin d’en venir à une compréhension et un accord mutuel à propos de l’endroit approprié pour la mise en place de plantations par la compagnie. Dans chaque communauté, ces discussions débouchent sur un définition géographique participative auquel sont conviés divers représentants de la communauté des terres à planter).

 

Par ailleurs, alors que la compagnie souligne que les communautés sont familières avec les impacts positifs et négatifs des plantations de palmier à huile, puisqu’elles vivent déjà à proximité de plantations supervisées par d’autres compagnies (« The communities are familiar with the positive and negative impacts of palm oil plantations, having lived in proximity to plantations run by other palm oil companies. » [2]), la maigreur des débats et des information fournies a été critiquée par Greenpeace* : « L’entreprise n’a organisé que des réunions publiques restreintes et n’a pas présenté clairement les impacts potentiels du projet. » [3].

 

Dans le cas de conflits, la compagnie soutient qu’elle abandonne un projet lorsque le village concerné refuse l’implantation (« It should be noted that any villages that do not want to participate in the Herakles Farms project are free to make that choice and are excluded from the project. » : Chacun devrait noter qu’un village ne souhaitant pas participer dans le projet d’Herakles Farms est libre d’arrêter ce choix et sera exclu du projet. [2]), ce qui contredit les affirmations de certaines ONG. Toujours selon Greenpeace, « la future plantation suscite de véhémentes critiques et se heurte à l’opposition des habitants de la région et des ONGs » [3]. L’une de ces dernières a assigné Herakles Farms en justice, ce qui n’a pas empêché la compagnie de s’établir.

 

 

En savoir plus sur l’opacité des décisions concernant le foncier.

 

En savoir plus sur les déplacements de population dus au palmier.

 

*Orangutan Fundation International : ONG travaillant à la recherche sur les orangs-outans et la forêt primaire qui les abrite, ainsi qu’à leur protection.

*Greenpeace : ONG environnementaliste luttant dans des domaines aussi variés que la déforestation, le nucléaire ou la protection des océans, d’abord par l’enquête et la concertation, puis l’alerte au grand public via des actions, souvent médiatiques – et médiatisées – qui visent à faire pression sur les industriels.

 

 

[1] CASTILLA C., Les orangs-outans victimes de l’huile de palme (2009)

[2] HERAKLES FARMS, Herakles Farms Frequently Asked Questions (FAQs) within the Concession (2013)

[3] GREENPEACE, La dernière frontière de l’huile de palme en Afrique : Comment l’expansion des plantations industrielles menace les forêts tropicales en Afrique (2012)