Un impact sur les petits producteurs difficile à évaluer

Contrairement à ce qu’avancent certaines ONGs, l’huile de palme est un vecteur de développement économique parmi les populations des pays producteurs. Comme l’explique plus loin Alain Rival, il est alors nécessaire de nuancer l’idée communément admise d’une population de travailleurs vivant des conditions misérables : ces cas de figures sont bien réels, mais ne sont pas les plus courats : les conditions de vie des travailleurs, et plus largement des villageois vivant à proximité des plantations sont ainsi très disparates, et dépendent à la fois de la situation géographique et de la compagnie supervisant l’exploitation. On assiste ainsi à une opposition entre le discours des ONGs et celui des experts, qui rappelle à bien des égards les débats sur l’aspect sanitaire de l’huile de palme.

 

 

« Malgré le tableau sinistre dépeint par certaines ONG, le palmier à huile devait continuer à se développer dans l’ensemble de l’archipel, le plus souvent à la demande expresse des populations locales. Ainsi, à chacune de nos visites dans un village encore « épargné » par le palmier, les villageois nous enjoignaient d’intercéder auprès d’une compagnie d’huile de palme pour l’attirer chez eux. Dans les villages déjà « touchés » par le palmier depuis quelques années, le visiteur était frappé par la proportion élevée de maisons en dur aux vitres teintées, aux colonnades et chapiteaux corinthiens en béton, par le nombre de motocyclettes et de voitures, et par les nombreuses boutiques de téléphones portables. Si le changement de mode de vie était flagrant, l’appauvrissement tant décrié l’était beaucoup moins.  » [1]

 

 

En effet, et ce malgré une tendance globale, l’enrichissement de ces populations va être assez inégal [2]. Ce constat provient tout d’abord du fait que les plantations elles-mêmes ne sont pas toutes identiques : La grande plantation capitaliste privée et les petits producteurs parcellaires constituent ainsi deux modèles d’organisation agricole très différents. La première a essentiellement pour finalité la maximisation des profits, alors que la seconde répond, au-delà de l’objectif de rentabilité, à des impératifs de  développement socio-économique.

 

[1] RIVAL A., LEVANG P., La palme des controverses. Palmier à huile et enjeux de développement (2013).

[2] Entretien avec Stéphanie Barral