Emergence d’une controverse sur l’huile de palme en France

D’après une étude récente menée par L’INRA* [1] qui s’intéressait aux habitudes d’achats de consommateurs français en relation avec l’huile de palme, la préoccupation principale du consommateur qui achète un produit contenant de l’huile de palme va d’abord à sa santé. Le principe de cette étude statistique était de définir le prix maximum qu’une personne est prête à payer pour un produit suivant les informations qu’elle détient sur ce produit. Prenons l’exemple d’une personne voulant acheter des pains au lait contenant de l’huile de palme :

 

Graphique de l’étude Are consumers concerned about palm oil (La WTP est le prix maximum que les consommateurs sont prêts à payer pour obtenir le produit)

 

 

Le prix maximum qu’elle est prête à payer décroît de 40 % lorsqu’on l’informe des problèmes sanitaires liés à l’huile de palme, contre 20 % pour des informations sur les problèmes environnementaux liés à la culture du palmier à huile.

 

L’étude semble montrer que la principale inquiétude du consommateur va à sa santé. La controverse sanitaire sur l’huile de palme a d’ailleurs surgi dès les années 2000 en France car l’opinion publique voulait savoir si ce composé omniprésent dans les préparations culinaires industrielles représentait un risque réel pour la santé. Ce produit a plus particulièrement fait les gros titres à l’automne 2012, durant la période où l’amendement Nutella du sénateur Yves Daudigny* (PS), visant à augmenter de 300 % les taxes sur les huiles tropicales a été voté. Les unes de la presse nationale de l’époque montrent que l’opinion publique a alors commencé à s’intéresser à la problématique : « L’huile de palme, nouvelle ennemie alimentaire » (le Soleil, 28/11/2012), « Ferrero et son Nutella montrés du doigt » (Le Monde, 20/11/2012) ou encore « Les distributeurs éliminent l’huile de palme de leurs produits » (Les Echos, 14/11/2012). Le rapport de L’INRA, organisme de l’état, publié à cette époque également, montre l’intérêt qu’ont pu accorder les hommes politiques pour la problématique. Chaque acteur de la controverse s’est alors mis à tenir un discours différent sur la problématique et a commencé à étudier en détail ce produit. Il en ressort aujourd’hui que comme toutes les matières grasses végétales, l’huile de palme est entièrement composée de lipides. C’est l’une des huiles les plus riches en acides gras saturés, mais elle contient très peu d’acides gras Trans, les plus nocifs pour la santé [2]. Pour les nutritionnistes, comme nous l’a indiqué le Dr Jean Michel Lecerf* au cours de notre entretien, s’interroger sur la nocivité de l’huile de palme revient donc à se demander si les acides gras saturés sont dangereux pour la santé. C’est d’ailleurs ce composé qui est remis en cause par les ONG environnementalistes comme les Amis de la Terre* [3]. Pour de plus amples informations sur la constitution de l’huile de palme, vous pouvez vous reporter à la page La chimie de l’huile de palme, si la problématique des acides gras saturés vous intéresse, vous pouvez consulter la page Les acides gras saturés, composants controversés de l’huile de palme. 

 

* INRA : Institut National de la Recherche Agronomique. Cet institut effectue des recherches sur l’alimentation et plus particulièrement sur la qualité de notre alimentation.

* Yves DAUDIGNY : Sénateur de l’Aisne. Auteur de l’amendement « Nutella » dans le projet de financement de la sécurité sociale de 2012.

* Jean-Michel LECERF : Médecin nutritionniste, chef du service nutrition de l’institut Pasteur de Lille et spécialiste sur la question sanitaire de l’huile de palme.

* Les Amis de la Terre : ONG créée en 1969 pour la protection de l’homme et de l’environnement. Elle est présente dans 76 pays.

 

 

[1] DISDIER A-C et al., Are consumers concerned about palm oil ? Evidence from a lab experiment, Food Policy, P.180-189. (Décembre 2012)

 

[2] FONDS FRANÇAIS ALIMENTATION ET SANTE,  L’huile de palme : aspects nutritionnels, sociaux et environnementaux. (Novembre 2012)

 

[3] LES AMIS DE LA TERRE, Arnaque à l’huile de Palme durable. (Mai 2011)