La culture sur brûlis

La culture sur brûlis est une tradition dans la ceinture tropicale, de l’Indonésie à l’Afrique noire. Cette technique de défrichage consiste à utiliser le feu pour libérer de nouvelles terres dans la forêt, permettant l’accès à un sol riche en humus et donc fertile. [1]

C’est pourtant ce même sol qui rend le recours à cette technique délicat. Les tourbières* (peatland) sont des terres extrêmement riches en carbone, car elles sont issues de la décomposition végétale. Elles fournissent donc un excellent combustible lors des incendies, bien plus que les arbres eux-mêmes.

L’étendue des feux de forêt allumés, même sciemment, dans ces conditions, est donc difficile à maîtriser, c’est pourquoi les lois indonésienne et malaisienne l’interdisent depuis 1997. Il n’empêche que régulièrement, l’Indonésie et la Malaisie souffrent de la présence d’une épaisse chape de fumée :

 

Nuage de fumée et pollution à l'ozone dus aux incendies de 1997 - solarnavigator.net

Nuage de fumée et pollution à l’ozone dus aux incendies de 1997 – solarnavigator.net

 

1997. […] Des feux de forêt s’étaient déclarés et avaient pris une telle ampleur qu’on ne voyait guère à cinq mètres devant soi.

rapporte la primatologue E. Grundmann*. [2]

En 1997, suite au retard de la saison des pluies, l’une des plus grandes sécheresses en cinquante ans atteint l’Asie du Sud-Est. De gigantesques incendies prennent corps, dévastant près de 8 millions d’hectares de forêt. [2]

 

Depuis une semaine, un nuage de fumée recouvre une grande partie de la péninsule malaisienne.

peut-on lire dans un article de RFI datant de 2005. [3]

 

Singapour, qui se trouve sous un épais nuage de fumée, a enregistré mercredi sa pire pollution de l’air depuis 2006. […] Dans le sud de la Malaisie, des écoles ont été fermées mercredi et jeudi dans la ville de Muar, où la pollution atmosphérique était trop élevée.

écrit une journaliste pour LCI en 2010 [4].

 

cette année, les feux de forêt ont formé un épais nuage au-dessus de Singapour et de la Malaisie où la pollution a atteint un record dangereux

alerte l’ONG Oxfam* en 2013. [5]

Face à ces faits, la controverse émerge sur deux plans. Tout d’abord,, l’on s’interroge sur les conséquences sanitaires de tels incendies, puis vient la question de la culpabilité : qui allume les feux ?

 

 

*Tourbière : Sol riche en humus, c’est-à-dire en terre issue de la décomposition des êtres vivants à sa surface au cours de milliers d’années. Une tourbière est dépositaire du carbone que contiennent ces êtres vivants, ce qui en fait une zone riche en carbone.

*Emmanuelle Grundmann : Biologiste, primatologue et naturaliste. Ce sont ses travaux sur l’orang-outan, en Indonésie, qui l’ont d’abord conduite à s’intéresser à la question du palmier à huile.

*Oxfam : ONG humanitaire qui lutte contre la pauvreté et milite pour faire entendre la voix des populations pauvres dans les décisions nationales et internationales.

 

 

[1] BETEILLE R. (Encyclopaedia Universalis), Culture sur Brûlis

[2] GRUNDMANN E., Un Fléau si Rentable – Vérités et mensonges sur l’huile de palme (2013)

[3] THOMAS C. (RFI), Indonésie/Malaisie – Des prières contre les feux (2005)

[4] LOYAL F. (LCI), Feux de brûlis – Air pollué en Malaisie et à Singapour (2010)

[5] VERBURG J. (OXFAM), Indonésie – De l’huile de palme sur le feu (2013)