Afin d’améliorer ce qu’elle juge perfectible, l’ONG Les Amis de la Terre* propose dans son rapport Greasy Palms des listes de doléances [1]. La première s’adresse au gouvernement européen. Elle fait notamment la demande d’une coopération étroite avec les gouvernements des pays producteurs afin de s’assurer que les entreprises européennes agissant sur leurs territoires respectent bien les accords bilatéraux. Elle souligne également la nécessiter de changer la législation européenne pour y intégrer des critères sociaux et environnementaux. Les suivantes s’adressent aux industriels européens, qui doivent tracer la provenance de l’huile qu’elles utilisent, et aux consommateurs, dont le rôle est d’alerter les gouvernements et les industriels. La dernière lettre s’adresse au gouvernement indonésien et fait la demande d’un renforcement du contrôle exercé sur les compagnies.
De même, le WWF* s’adresse aux entreprises et aux consommateurs et leur fournit une liste d’actions à réaliser pour améliorer la filière [2]. Il s’agit principalement de s’approvisionner en huile certifiée par la RSPO* (« Cover all of their palm oil use with CSPO from any of the supply chain options » pour les premières et « Only shop from companies that have committed to and are using CSPO » pour les seconds). Les compagnies doivent par ailleurs se contraindre à davantage de transparence, tandis que les consommateurs doivent faire la demande aux industriels d’utiliser de l’huile CSPO*, la demande créant l’offre.
Pour alerter les consommateurs et les entreprises des conséquences de leurs achats, l’ONG Greenpeace* préfère avoir recours à des actions choc, comme des sit-in déguisés en orangs-outans ou des vidéos montrant un homme croquant dans un doigt de singe. Les images diffusées marquent durablement le consommateur, qui risque de se détourner de la firme visée. Cette dernière est donc obligée de prendre des engagements en faveur d’un développement plus durable. Ont ainsi été visées par Greenpeace les entreprises Golden Agri Resources, Nestlé, Herakles Farms…
Quelque soit le moyen employé, les demandes et injonctions des ONG ne sont pas toujours bien reçues par les producteurs, qui leur reprochent d’être à la solde des compagnies européennes et d’œuvrer pour des raisons financières. Le président du Malaysian Palm Oil Council* (MPOC) les accuse par ailleurs de ne pas comprendre les enjeux de la filière dans un article : « Their no deforestation policy remains an ideology that fails to consider its scientific impact on the development of underdeveloped countries with plentiful access to land banks. » (Leur politique de zéro-déforestation n’est rien de plus qu’une idéologie qui échoue à comprendre son impact scientifique sur le développement de pays sous-développés possédant de vastes zones de terres disponibles) [3].
En savoir plus sur la coopération entre les acteurs et les résultats obtenus.
*Les Amis de la Terre – Friends of the Earth : ONG environnementaliste cherchant à réparer les dégâts causés par l’homme sur la nature et promouvant en particulier la participation de la société civile dans la prise de décision autour de la gestion des ressources naturelles.
*WWF – World Wild Fund (Fonds mondial pour la nature) : ONG environnementaliste œuvrant pour la protection des espèces en danger, la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes, ainsi que la promotion d’une transition énergétique respectueuse de l’environnement.
*RSPO – Roundtable on Sustainable Palm Oil (Table ronde pour une huile de palme durable ) : organisme réunissant des ONG, des producteurs, des investisseurs et des consommateurs d’huile de palme. Ils cherchent à améliorer la filière et à la rendre durable, notamment grâce au label CSPO.
*CSPO – Certified Sustainable Palm Oil (Huile de palme certifiée durable) : label proposé par la RSPO. Parmi les critères à respecter: préservation de l’environnement, garantie de bonnes conditions de travail…
*Greenpeace : ONG environnementaliste luttant dans des domaines aussi variés que la déforestation, le nucléaire ou la protection des océans, d’abord par l’enquête et la concertation, puis l’alerte au grand public via des actions, souvent médiatiques – et médiatisées – qui visent à faire pression sur les industriels.
*MPOC – Malaysian Palm Oil Council : L’objectif de cette entreprise est d’améliorer l’image de l’huile de palme, en particulier malaisienne, en faisant la publicité de ses qualités.
[1] WAKKER E. (Les Amis de la Terre), Greasy Palms : The social and environmental aspect of large scale oil palm plantation (2005)
[2] WWF, Palm Oil Buyers Scorecard – Measuring the progress of palm oil buyers (2013)
[3] BASIRON Y., No Deforestation – An ethically irresponsible and flawed demand by NGOs (2014)