Chercheuse en sociologie anonyme

Compte rendu d’entretien

 

LE PROCESSUS DE CERTIFICATION

 

Le processus de certification CSPO des plantations est toujours réalisé par une entreprise choisie par la compagnie auditée, parmi un panel d’entreprises d’audit indépendantes. L’entreprise en charge de la certification reçoit un paiement pour le service rendu (la certification) directement de la part de la compagnie. Ce lien introduit un premier biais dans le processus de certification.
En pratique, ce sont les contraintes budgétaires qui vont rendre la certification sur le terrain difficile et biaisée. L’équipe envoyée dans les plantations est souvent limitée (4 à 5 spécialistes tout au plus) et dispose de peu de temps (en moyenne 3 à 4 jours) pour réaliser son travail. Les plantations sont souvent éloignées des grandes villes et difficiles d’accès.
Lors des inspections sur place, un créneau est toujours consacré à la rencontre de toutes les parties prenantes (stakeholders). Néanmoins, ce ne sont pas tous les villageois qui ont accès à l’information ou aux moyens de transport : ils ne peuvent donc pas tous rencontrer les certificateurs. Ce sont ainsi les villageois influents (typiquement les chefs de villages) qui seront leurs interlocuteurs privilégiés. Les compagnies s’arrangent souvent pour qu’ils leurs soient plutôt favorables. Une autre méthode d’inspection, moins répandue car plus difficile à mettre en œuvre, consiste à organiser des visites au sein même des villages.

 

LES VILLAGEOIS

 

Il faut de plus garder en tête que tous les villageois ne partagent pas les mêmes intérêts. L’huile de palme apparaît souvent comme étant une source de revenus, bien que celle-ci soit en partie accaparée par les chefs locaux.

 

Par ailleurs, la répartition des terres du village n’est pas officiellement définie la plupart du temps : il arrive donc qu’un chef vende une terre qui ne lui appartient que légalement, mais qui est en pratique à un autre villageois. Il n’y a pas d’accaparement sur le plan légal, bien qu’il soit en pratique bien réel. Les compagnies ne sont souvent pas elles-mêmes au courant de ce genres de problèmes, puisqu’elles agissent « globalement » (et ne traitent donc qu’avec le chef du village).
De plus, certains articles du droit indonésien sont ambigus quant à la propriétés des terres agricoles et des forêts : est-ce l’état ou les exploitants ?

 

Les populations locales ne disposent pas toujours  de preuves formelles pour faire valoir leurs droits, et échouent souvent face à l’arsenal de preuves écrites et formelles des compagnies. Par ailleurs, la bureaucratie indonésienne est opaque et procédurière, rendant tout recours inutile.

 

LA RSPO

 

Il apparaît donc que l’efficacité de la RSPO est limitée. Cela viendrait en partie de la multiplicité des acteurs qui y sont regroupés.
Les premiers certificats de 2008 offerts à United Plantations ont été largement décriés.

 

Il existe d’autres moyens que le label pour penser la régulation internationale. Le mode d’action des ONGs est assez intéressant puisqu’elles utilisent la RSPO à la fois comme moyen de pression et moyen de discussion. Certaines d’entre elles se donnent l’image publique de contestataire, mais sont (ou ont été) réellement impliquées dans la RSPO, à la fois en tant que négociateur et dénonciateur.